Activités et acteurs : La vigne, le vin et l'olivier (2004)
• Gazette N°23 - 1er avril 2004
   - Une pluie de médailles pour La Vigneronne
   - A.G. de La Vigneronne
   - Une jeune dégustatrice à l'honneur
   - De l'or pour le bio
   - Confrérie Saint Vincent
   - Syndicat des vignerons des Côtes du Rhône
   - Le bel Abély et les greffons greffés

• Gazette N°25 - 3 juin 2004
   - Cavistes indépendants
   - La transvilladéenne
   - Vaison la Rousse ou Suze la Romaine ?

• Gazette N°26 - 11 juillet 2004
   - Vaison la Rousse ou Suze la Romaine ? (2)

• Gazette N°27 - 15 septembre 2004
   - Chapitre XVI
   - Souvenir d’un "petit nouveau"
   - Renouveau de l’olivier à Villedieu ?
   - Bourboulenc, Clairette et Grenache

• Gazette N°28 - 22 novembre 2004
   - Titre : 13,5°
   - Primeurs : 13°
   - Chardonnay : 12,6°
   - Scoop
   - Vendange 2004 à la Vigneronne
   - Je titre cette année 13,01633509°
   - Le vigneronnoscope
   - Vendanges bénies, oignons et jazz

Gazette N°23 - 1er avril 2004

Une pluie de médailles pour La Vigneronne

La Vigneronne vient une nouvelle fois de faire la preuve de la grande qualité de ses vins.

Lors de la dernière foire aux vins à Orange, à laquelle participait l’ensemble des caves de la vallée du Rhône, ce n’est pas moins de cinq médailles d’or, deux d’argent et une de bronze que la cave La Vigneronne s’est vu décerner.

Les médailles d’or sont ainsi attribuées : trois pour le Côtes du Rhône rouge, une pour le rosé et une autre pour le blanc. Ces vins seront très prochainement mis en bouteilles sous l’appellation Cuvée des Templiers.

Une médaille d’argent revient au Côtes du Rhône rouge et une au Côtes du Rhône rouge villages, quant à la médaille de bronze, elle récompense le Côtes du Rhône rosé.

« La Vigneronne avait présenté trente échantillons et grâce à ces huit médailles, c’est un taux de 25% de réussite que nous remportons » rapporte fièrement Jean-Pierre Andrillat, directeur de la coopérative, qui précise que sur les 2 500 échantillons présentés à ce concours 20% sont primés. Ceci place La Vigneronne en très bonne position.

Et puis le 29 février c'est au concours général agricole au salon de l'agriculture de Paris que La Vigneronne s'est distinguée en remportant cinq nouvelles médailles : deux médailles d'or, une pour le côtes du Rhône villages rouge bio et une pour le Côtes du Rhône blanc ; une médaille d'argent pour le Côtes du Rhône rosé et une médaille de bronze pour le Côtes du Rhône rouge. Rendez-vous le 17 avril prochain à Mâcon...

La médaille d’or en rouge hisse le vin bio au plus haut niveau à Villedieu et récompense les vignerons qui récoltent enfin le bénéfice d’un travail rigoureux fait dans le respect de la nature et de l’environnement et le souci de la santé des consommateurs. Ces distinctions sont aussi la preuve que le travail de sélection des meilleurs terroirs de l’appellation n’est pas vain.

Villedieu, Buisson et les communes voisines travaillent ensemble au classement en appellation Village sous le nom de commune Vaison-la-Romaine. Elles se trouvent ainsi placées parmi les meilleures appellations Village des Côtes du Rhône. « C’est l’aboutissement de longues années d’effort et de travail » rappelle Jean-Pierre Andrillat, heureux de ces résultats. « C’est aussi fort encourageant dans le contexte actuel de morosité ».

Une dégustation ouverte à tous sera bientôt organisée pour les sélections « vieilles vignes » et « Notre-Dame d’Argelier » mais d’ici là, les amateurs seront reçus au caveau de dégustation ouvert tous les jours de la semaine.





André Dieu
Jean-Pierre Andrillat
Jérémi Favier



Cliquez sur la photo
pour l'agrandir


Assemblée générale de La Vigneronne

Récemment s’est tenue l’assemblée générale ordinaire de la Cave Coopérative la Vigneronne.

En introduction, le président Jean Dieu salue les participants et leur exprime tous ses espoirs quant à l’avenir de la production et ses souhaits pour que la morosité actuelle se dissipe et fasse place à l’optimisme.

Avant d’ouvrir la séance, il rappelle les décès récents de René Fauque et d'Antonin L'Homme. Ils ont compté dans l’évolution de la viticulture à Villedieu, chacun ayant œuvré toute sa vie au sein de la communauté locale. Une minute de silence est observée en leur mémoire.

M. Saurel, commissaire aux comptes, par un rapport clair et précis, présente un bilan financier sain et découlant d’une gestion sage de la coopérative.

Le rapport d’activité de l’exercice écoulé fait état du retard dans l’enlèvement des vins. La conséquence en est un retard de paiement des négociants.

En revanche, Jean Dieu tient à souligner que le marché traditionnel avec les grossistes et les cavistes se maintient grâce à l’énergie dépensée par le directeur Jean-Pierre Andrillat. L’on constate même une progression de l’activité « bag in box ».

Jean Dieu explique ensuite qu’au début de 2003 la Vigneronne a mis en place une meilleure gestion du vignoble en se dotant d’une conseillère technique, Aurélie Haupaix. Déjà, pour la dernière campagne, des sélections parcellaires ont donné toute satisfaction. D’autre part, le conseil d’administration réfléchit actuellement à la mise en place de la rémunération des adhérents à la qualité.

Quatre administrateurs sortants sont réélus à l’unanimité, ainsi que Stéphanie Ayme qui succède à sa mère Chantal à la commission des ventes.

Un apéritif termina en gaîté cette assemblée 2004.

Jean-Louis Vollot


Une jeune dégustatrice à l’honneur

Dans le cadre de ses études pour le brevet de technicien agricole de commerce de vins et spiritueux, Aurélie L'Homme, fille de Christian et Eliane L'Homme, vient de se distinguer brillamment en participant au concours des jeunes dégustateurs professionnels de vin.

Elle réussit à faire partie des cinq lycéens vauclusiens sélectionnés pour participer au 113ème concours général agricole. Elle en est est très fière. Ce concours s'est tenu à Paris le 2 mars dernier, malheureusement, Aurélie n'a pu s'y rendre.

Les épreuves sont organisées en trois modules. Le premier consiste à reconnaître les cépages, le millésime, la région de production, le type de classement du vin ; le deuxième à noter un vin et le troisième, non des moindres, est une dégustation à l’aveugle devant un jury constitué de huit professeurs et œnologues. « Cette partie est stressante » explique-t-elle.

Obtenir de tels résultats est une grande satisfaction tant pour le lycée que pour les heureux lauréats qui ainsi reçoivent un encouragement au cours de leurs études.

Aurélie pour sa part devrait poursuivre par un brevet de technicien supérieur en viticulture et œnologie dans le but de travailler dans des caves ou dans l’exploitation paternelle.

Armelle Dénéréaz





Aurélie L'Homme



De l’or pour le bio

Depuis 1978, Pierre Arnaud élabore du jus de raisin. Issus de l’agriculture biologique ces jus de raisin se révèlent d’excellente qualité.

« Mes enfants voulaient que je présente des échantillons au concours général à Paris et, un peu comme un jeu, j’ai décidé cette année d'en présenter deux. Quelle n’a pas été notre surprise de voir les deux échantillons, un muscat et un raisin rouge, obtenir chacun une médaille d’or » explique Pierre Arnaud encore tout étonné et fier du résultat.

Une belle récompense pour ce viticulteur qui, par ailleurs, avec huit autres vignerons de la commune, élabore des cuvées biologiques et contribue à la production de 3000 hl de vin biologique de la cave La Vigneronne, qui a également obtenu un très beau palmarès lors de ce dernier concours général.

En fonction des années, Pierre Arnaud affine un savant assemblage de raisins dont la perle est le muscat, et petit à petit, il a atteint l’excellence. « Le soleil m’a aidé cette année » tient-il à préciser. Il est à noter qu’il est le seul dans cette catégorie à avoir obtenu des médailles, d’or de surcroît.

Les produits de l’agriculture biologique sont de plus en plus demandés par les consommateurs. « Malheureusement en France les décideurs, les politiques, les laboratoires phytosanitaires, l'Institut national de la recherche agroalimentaire, etc... ne soutiennent pas vraiment cette forme d’agriculture, ce qui nous a fait passer en quelques années du premier au quinzième rang en Europe » déplore ce viticulteur convaincu.

Mais les producteurs ne se découragent pas pour autant. Ils échangent leurs expériences, avancent et persévèrent. La preuve en est que 25 à 30% de la surface cultivée dans la commune sont désormais cultivés en bio. « Nous ne pouvons que nous en réjouir et encourager ce développement » conclut Pierre Arnaud.

Armelle Dénéréaz





Mimoud et Pierre



Cliquez sur la photo
pour l'agrandir


Confrérie Saint Vincent

C’est tambour battant que la Vénérable Confrérie Saint-Vincent de Villedieu a commencé l’année 2004.

L’assemblée générale s’est tenue le 6 janvier dans les locaux de la Vigneronne. Ses participants ont fait le point sur l’année écoulée.

Jean Dieu, son recteur, a présenté ses vœux à l’assemblée et rendu hommage par une minute de silence à deux confrères vignerons récemment décédés, Antonin L’Homme et René Fauque. Il a évoqué les activités de l’association et le changement de prieur avec le départ du Père Jean-Marie Gérard, remplacé par le Père André Mestre.

Le bilan financier, présenté par le grand argentier Olivier Macabet, accuse un léger déficit dû aux dépenses faites lors du chapitre d’été, manifestation la plus prestigieuse de l’année, mais dont il faudra sans doute reconsidérer l’organisation.

Les membres sortants du bureau, Jean Dieu, Régis Marin, Alain Bertrand et David Dieu ont été reconduits dans leurs fonctions. Ils ont proposé les prochaines manifestations de la confrérie tout en réfléchissant à l’avenir et à l’image que celle-ci doit garder aux yeux des Villadéens.

Le dimanche 25 janvier s’est tenu le chapitre d’hiver avec la messe de la Saint-Vincent célébrée à l’église du village. Les confrères ont ensuite invité amis et villageois à partager la galette des rois et le verre de l’amitié dans un esprit de convivialité propre au village.

Armelle Dénéréaz


Syndicat des vignerons des Côtes-du-Rhône

L’année 2004 s’annonce chargée pour le Syndicat des vignerons des Côtes du Rhône de Villedieu. Ce syndicat qui fédère une quarantaine de vignerons de la commune a en charge de nombreux dossiers.

Face à la crise que traverse actuellement le monde viticole, les tâches de ce syndicat sont importantes. Cette crise due à de nombreux facteurs, notamment à la baisse de consommation de vin, doit inciter les viticulteurs à envisager des campagnes de communication en direction des touristes, par exemple.

C’est ainsi qu’un sentier vigneron, qui a été expérimenté lors de la fête de la vigne et du vin il y a quelques années, devrait être relancé. Sont à l’étude un balisage plus adapté et une identification de la flore et des cépages, pour répondre à une demande croissante de vacanciers et de promeneurs avides de connaissances botaniques et œnologiques. « Les amoureux de la nature et les amateurs de bons crus doivent être prioritaires » précise Pierre Arnaud, président du syndicat.

Privilégier la qualité et faire connaître au mieux les vins du terroir sont également nécessaires. Se regrouper face à un marché mondial, c’est dans ce sens que le syndicat s’efforce de travailler.

Le dossier est en cours et l’appellation « nom de commune » devrait bientôt apparaître. L’Institut national des appellations d’origine nous a demandé de choisir l’appellation « village » assorti du nom d’une commune avec les communes d’un même terroir. C’est ainsi qu’après de longs débats les vignerons de Villedieu ont choisi de se rapprocher de Vaison-la-Romaine, nom porteur dont la réputation n’est plus à faire et qui sera une grande avancée sur le plan de la communication.

« Pour que le dossier progresse dans de bonnes conditions, une commission intercommunale a été créée regroupant Vaison, Villedieu, Saint Marcellin, Saint Roman de Malegarde et Buisson. Cette commission, présidée par André Macabet, vigneron villadéen très actif au sein du syndicat local, organise des dégustations et recense les idées » explique Pierre Arnaud.

« Il est important de rappeler qu’en Vaucluse, un emploi dans la viticulture génère plus ou moins directement cinq emplois. C’est le fer de lance économique de la région, il est donc primordial de s’adapter à la demande, de savoir communiquer et faire découvrir nos paysages tout en les préservant. Toujours dans un souci de qualité, il faut se féliciter que la Vigneronne ait créé un poste de "technicienne qualité" qui permet de progresser rapidement. Les distinctions obtenues cette année lors des derniers concours le prouvent » tient à rappeler le président avant d’annoncer le projet d’un voyage en Alsace en novembre prochain. En prime, une dégustation des crus alsaciens du goût de nos viticulteurs.

Comme à l’accoutumée l’assemblée générale s’est terminée par une grande dégustation des crus 2003 accompagnée d’un copieux buffet organisé par Jean-Claude Fauque, Nicolas Joubert et Pierre Cellier, membres du bureau.

Armelle Dénéréaz


Le bel Abély et les greffons greffés

Dans son dernier numéro, La Gazette avait présenté la machine à arracher les greffés de Patrick Abély. C’est au tour aujourd’hui de la nouvelle machine ainsi que du travail tel qu’il se faisait avant et que beaucoup de Villadéens et Villadéennes ont connu.

A partir de décembre ou janvier, on chicote : on enlève aux pieds-mère les ramifications. Elles mesurent environ un mètre et les porte-greffes sont coupés sur trente centimètres de longueur à un demi centimètre d'un œil. Dans le temps, les chicoteuses qui réalisaient des bottes porte-greffes étaient payées au mètre. Aujourd’hui trois personnes avec la « chère machine » bourrée d'électronique se chargent de toutes les phases d'antan, à savoir chicotage, débourrage et comptage simultanés.

Pour la région, il existe une bonne dizaine de porte-greffes immatriculés (S04, R110, R140, etc...) qui peuvent recevoir plus de trois cents greffons correspondant aux différents cépages.

Ces porte-greffes sont immergés pendant 24 à 36 heures, égouttés, débourrés et emballés sous vide puis mis en chambre froide à 0°. Enfin, le greffage peut commencer.

Le porte-greffe et le greffon sont taillés en biseau au plus près de l'œil, puis entaillés en profondeur pour permettre l'emboîtement des deux bouts. Aujourd'hui la technique de l'emboîtement ressemble beaucoup plus à un travail de charpentier, car le porte-greffe est dénommé mortaise et le greffon tenon. Leur trempage dans la paraffine les maintient joints et rend la greffe étanche à l'air.

Tous ces greffés sont rangés dans de grandes caisses que l'on remplit de tourbe pour empêcher qu'ils ne se touchent. Ils sont arrosés et entreposés dans des caves chauffées à environ 30°, appelées « salles de chauffe » durant douze à dix-huit jours. Les greffés sont alors dégermés, leurs radicelles supprimées puis on les paraffine à nouveau avant la mise en pépinière.

Ils sont plantés sur une profondeur de sept à dix centimètres, par intervalles de quatre centimètres pour obtenir vingt-cinq à vingt-sept greffes au mètre (250 000 pièces à l'hectare). Ces plantations en pépinières se font en mai et la récolte environ six mois après, fin novembre courant décembre. Parmi les nombreuses actrices de cette activité nous connaissont par exemple Huguette Louis, Marie-Rose Fontana, Thérèse Nunez ou Valérie Lebrevaud. Daniel et Eliane Bertrand sont à Villedieu parmi les derniers fournisseurs de pieds-mère.

M. et Mme Georges Abély, première génération, ont débuté ces activités en 1957. Aujourd'hui Patrick nous présente d'abord la machine n° 1, née en 1985, pour l'arrachage des greffés soudés. Elle a été copiée et fabriquée à près de cent exemplaires par les établissements Maffat, mais le prototype demeure toutefois le plus performant.

Cette machine, nous dit-il fièrement, a dix-sept campagnes à son actif.

Puis il nous présente la « grande Pépine », machine n°2, conçue et née en 2003, que son esprit inventif lui a permis de mettre au point avec son gendre Jean-Christophe Labini, ferronnier et mari de Laurette, pour un arrachage sur deux doubles rangées, soit 1,80 mètre d'intervalle. Trois personnes la mènent : un pilote assis latéralement manipule les leviers de commandes hydrauliques en relation avec le conducteur du tracteur, et deux assistants qui, sur la plate-forme arrière, reçoivent les greffes arrachées.

« Notre "grande Pépine", dit Patrick, remplace les vingt personnes qui, auparavant, s'échinaient l'hiver, les mains couvertes d'ampoules et de crevasses, pour arracher des greffes dont les racines pouvaient atteindre trente centimètres ».

En regardant de près cette machine, nous comprenons le déroulement des opérations. Les trépidations d'un soc, équipé d'une fourche de huit dents, déstructurent la glèbe afin de faciliter le travail des cueilleurs dits « têtes de récoltes ». Ceux-ci acheminent ensuite les greffes et leurs moustaches jusqu'à l'arrière de la « grande Pépine » pour que les deux assistants puissent les accueillir et les conditionner dans leurs caissons appropriés.

Une troisième génération est née : Mattéo, le fils de Laurette et Jean-Christophe en février et Séréna la fille de Sébastien et Aurélie qui, peut-être, réaliseront la « Super Lépine », à l'image de la super Nova des concours.

Alain Bériot


  Retour au sommaire La Vigne et Le Vin (2004)
  Retour au choix des années...




Cliquez sur la photo
pour l'agrandir






La Grande Pépine



Gazette N°25 - 3 juin 2004

Cavistes indépendants

C’est à Villedieu que la FNCI, Fédération Nationale des Cavistes Indépendants, avait choisi de tenir l’assemblée générale de sa section Rhône-Alpes.

A l’initiative de M. Fierka, agent commercial de La Vigneronne pour l’ensemble du grand Sud-Est de la France, cette réunion était l’occasion pour Jean-Pierre Andrillat, le directeur de la cave, d’une promotion importante des différents crus.

A l’issue de cette réunion, Jean Dieu, le président de La Vénérable Confrérie Saint Vincent de Villedieu devait profiter de leur présence dans la commune pour introniser quelques membres de cette fédération.

Action de promotion certes, mais également geste convivial envers des acteurs importants de la vie économique de la coopérative.

Le président de la FNCI, Rhône-Alpes, M. Dupeuble, lors de la présentation de la fédération rappelle : « Celle-ci a été créée il y a maintenant dix ans et regroupe 486 caves en France ce qui représente environ un tiers des cavistes du pays. Cette fédération est née du besoin de se regrouper en une plus grande force d’achat. Son orientation prochaine vise à se transformer en syndicat professionnel en se rapprochant de celui des épiceries qui représentent douze mille indépendants ».

Jean Dieu a ensuite procédé à la cérémonie rituelle d’intronisation de trois nouveaux impétrants. Xavier Couquil, directeur de la maison des vins de Claix, Jean-François Dalle, directeur de la maison « Aux bons vins » de Lyon et Françoise Béatrix Fressenet de la « Cave des Echansons » à Lyon.

Outre leur professionnalisme et leur compétence en matière de promotion des vins ces trois personnes ont des qualités de fins dégustateurs et sauront « le Villedieu défendre et éternellement l’aimer » comme l’exige l’appartenance à La Vénérable Confrérie. Sérieux, humour et convivialité ont dominé lors de cette cérémonie qui s’est déroulée dans la salle des fêtes de la mairie en présence d’une cinquantaine de cavistes indépendants et de dix-huit confrères villadéens.

Cette assemblée s’est ensuite retrouvée dans les locaux de la coopérative où un abondant buffet l’attendait et permettait de découvrir, pour certains, et de déguster les différents vins de La Vigneronne.

Les nombreuses médailles obtenues tant à la Foire d’Orange qu’au Concours général à Paris et ainsi que tout récemment à la Foire de Vinsobres renforcent l’image de qualité des vins de Villedieu. Les professionnels ne s’y sont d’ailleurs pas trompés et cette journée de travail et de dégustation devrait avoir de bonnes retombées économiques pour cave coopérative.

Armelle Dénéréaz





5 avril 2004
Intronisation



Cliquez sur la photo
pour l'agrandir


La transvilladéenne

Plus de deux cents personnes étaient au départ de la transvilladéenne sous la conduite d’André Macabet coiffé comme tous ses collègues vignerons de la coopérative d’une casquette de couleur rouge côtes du Rhône.

Les randonneurs ont parcouru d’un bon pas les quelques huit kilomètres prévus, sillonnant vignes et vallons, oliveraies et sous-bois. Toute la flore et les cépages se sont dévoilés avec par chance une brise rafraîchissante et un soleil radieux.

A mi-parcours une halte dégustation a permis aux plus fatigués de souffler et aux palais de se désaltérer de jus de fruits et autres nectars de la vigne.

On reconnaît sur les photos André Macabet battant le rappel des troupes et les vignerons attendant les randonneurs à la halte : André Bertrand, Sylvain Blanc, Florian Blanc, Maxime Roux, Christian L’Homme, Pierre Cellier, Gilbert Daniel.

Au retour, en fin de matinée, c’est un concert de cors de l’orchestre d’Avignon qui fut donné à écouter et à déguster. Présenté avec humour et talent par Erik Sombret, cet instrument un brin mystérieux a, lui aussi, dévoilé quelques secrets.

Pour conclure cette manifestation, agapes et crus locaux ont réjoui les nombreux participants de la fête. Une grande réussite à l’actif de La Vigneronne et de ses adhérents.

Armelle Dénéréaz





Plus de 200 personnes
étaient au départ de
la transvilladéenne





Cliquez sur une photo
pour les agrandir
et en voir plus


Vaison la Rousse ou Suze la Romaine ?

Le Syndicat de défense des vignerons de Buisson vient de tenir son assemblée générale annuelle. Au cours de cette réunion des dossiers importants ont été abordés.

Après un compte rendu moral donné par le président Marc Castellano, le bilan financier laisse apparaître un solde positif de 2 632.81 €. Lors du renouvellement du bureau ont été réélus, Frédéric Haut, Laurent Rinci et Jean-Jacques Blanc.

Ce fut ensuite au tour de Catherine Thomas du FREDON PACA (Fédération Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles) de prendre la parole et de présenter le plan de lutte obligatoire contre la flavescence dorée. Elle a détaillé les symptômes de la maladie, les zones de contamination, la carte des zones de lutte obligatoire, la méthode de lutte et enfin le contrôle portant sur l’efficacité biologique qui pourra être effectué.

« En conclusion la flavescence dorée est une sorte de virus qui n’a aujourd’hui pas de remède. La seule solution est l’arrachage mais avant d’en arriver là, la seule parade efficace est de lutter à titre préventif contre le vecteur de la maladie. Il est donc nécessaire, dans l’intérêt de tous de déclarer les souches suspectes afin de les analyser » explique-t-elle.

Ce sujet inquiétant donne lieu à un débat au cours duquel Mme Thomas rappelle que des contrôles seront effectués, des rappels et éventuellement des sanctions très lourdes sont prévues pour ceux qui ne respecteraient pas l’arrêté préfectoral concernant la lutte obligatoire contre la maladie.

L’autre sujet brûlant de la réunion : le "dossier Villages" pour lequel Florence Moralés, représentant l’INAO a retracé l’historique. Depuis de longs mois, Buisson est en pourparlers pour accéder à l’appellation nom de commune mais le choix de ce nom est difficile et laisse apparaître de nombreuses tensions et tiraillements entre les différents membres du syndicat.

En résumé la commission de l’INAO devant statuer sur ce dossier se prononce pour que Buisson se rattache à l’appellation "Vaison la Romaine" dans le respect d’une logique de terroir, vignoble de coteaux, délimité naturellement au nord par la rivière Aygues.

« La commission a pris acte du fait de la décision du Syndicat de Villedieu de rejoindre le dossier Vaison la Romaine. Elle a indiqué que les communes de Buisson et Saint-Roman de Malegarde devaient également intégrer ce dossier afin d’assurer une cohérence de terroir. Elle a pris note du souhait des syndicats de Villedieu et Vaison la Romaine d’accueillir les communes de Buisson et Saint-Roman de Malegarde. Elle souhaite maintenant disposer des nouvelles caractéristiques de la production (volumes, taux de revendication, unités de vinification). Lorsque ces informations seront transmises et que les critères seront satisfaits, il restera à vérifier de la qualité et des cohérences des produits à l’occasion d’une future dégustation organisée par les services de l’INAO sur les bouteilles de commercialisation ou sur cuves prélevées à la propriété ».

Dans l’état actuel des choses Florence Moralés conclut : « Soit vous décidez de ne pas faire de Côtes du Rhône Village avec nom de commune et c’est votre droit, soit vous acceptez les préconisations de la commission et vous allez avec Vaison la Romaine ».

Laurent Ayme déplore le manque de débat depuis mai 2002 et qu’aucune assemblée n’ait été convoquée à l’époque pour traiter d’un dossier aussi important. Il souhaite que chaque syndiqué se prononce clairement sur la question. Un débat houleux s’ensuit.

Pour conclure : « Cette décision devra être prise par un vote, celui-ci n’étant pas à l’ordre du jour de l’assemblée générale, une assemblée extraordinaire devra être convoquée pour permettre ce vote prochainement » a décidé le président Marc Castellano.

Dossier à suivre...

Armelle Dénéréaz


  Retour au sommaire La Vigne et Le Vin (2004)
  Retour au choix des années...



A.G. du Syndicat de
défense des vignerons
de Buisson



Cliquez sur la photo
pour l'agrandir



Gazette N°26 - 11 juillet 2004

Vaison la Rousse ou Suze la Romaine ? (2)

Laurent Ayme défend dans ce texte une position personnelle tranchée et argumentée sur un sujet qui divise les vignerons de Buisson. La Gazette publiera bien sûr, si ça lui est demandé, le point de vue adverse qui défend le rattachement du terroir de Buisson au dossier “villages” de Suze la Rousse et répondra à ses arguments.

En mai 2002, le bureau du Syndicat des vignerons de Buisson a décidé à une large majorité d’adhérer au projet de rapprochement des dossiers villages de Tulette, St Roman de Malegarde et Buisson, avec celui formé par Suze la Rousse, Bollène et Bouchet, pour l’obtention de l’appellation Villages avec nom de commune "Suze la Rousse".

Selon le bureau, ce choix est jugé nécessaire pour l’unique raison d’intéresser le marché comme le préconise la commision de l’I.N.A.O. (gros volumes).

Sur une question aussi importante, une assemblée générale extraordinaire aurait dû être organisée pour débattre, expliquer, défendre chaque possibilité et en fin de séance organiser une consultation à bulletin secret.

Le bureau a préféré consulter ses adhérents par lettre du 28 mai 2002 en expliquant que le bureau du syndicat réuni le 27 mai 2002 a décidé à une large majorité d’adhérer au projet Suze la Rousse.

Chaque adhérent devait renvoyer par retour de courrier avant le 8 juin 2002 sa position concernant ce sujet avec un post scriptum : “une non réponse vaudra accord”.

Je déplore, qu’il n’y ait pas eu de débat, et surtout que la méthode de consultation ait été pour le moins orientée car au mois de mai il y a beaucoup de travail dans les vignes et personne ne prend le temps de répondre !

L’année dernière, j’ai demandé, lors de l’assemblée générale, de remettre à plat cette question car le climat entre les syndiqués devenait de plus en plus insupportable. Je n’ai pas été entendu. Tout simplement je pense que l’on a perdu un an sur le dossier et surtout que l’image de notre syndicat est ternie.

Je prends acte qu’une consultation va être organisée, je souhaite qu’elle ne soit pas arrangée.

- Il faut poser la question très clairement. Comme le dit Florence Morales, « soit vous décidez de ne pas faire de Côtes du Rhône villages avec nom de commune et c’est votre droit, soit vous acceptez les préconisations de la commission et vous rejoignez Vaison la Romaine ».

- Tous les adhérents du syndicat de Buisson et tous les propriétaires, usufruitiers, fermiers ou métayers du vignoble dans la commune de Buisson, comprenant les parcelles classées par l’I.N.A.O. doivent participer à cette consultation.

- Enfin, chaque syndiqué ne peut être porteur que d’un seul pouvoir.

J’ai été très surpris, à l’issue de la réunion autour du verre de l’amitié, d’une réflexion du président Marc Castellano. Je cite : « Dans la situation actuelle on nous propose soit de nous jeter dans le vide, soit de nous faire fusiller » et d’ajouter avec une pointe d’humour : « C’est une image ! ».

Avec de tels propos tout le monde comprendra que je reste vigilant sur la façon de consulter les syndiqués.

Et je me pose des questions :

- Est-ce une tare de se tourner vers Vaison ?
- Existe-il une logique de terroir ?
- Est-ce que la logique de terroir intègre bien les facteurs naturels et les facteurs humains ?

On peut apporter les réponses suivantes :

- Nous avons en commun avec les communes de Vaison et Villedieu :
1. une cave intercommunale Villedieu-Buisson ;
2. une école pour nos enfants, maternelle et primaire pour Villedieu et collège pour Vaison (dans quelques temps certainement un lycée à Vaison) ;
3. une communauté de communes ;
4. une administration viticole (douanes, chambre d’agriculture etc.) ;
5. un département, une région ;
6. une chapelle, Notre-Dame d’Argelier ;
7. etc...
Voilà les véritables facteurs humains qui nous unissent...

- Nous avons également une continuité de terroir avec Villedieu et Vaison :
1. dans le projet Suze la Rousse, la vallée de l’Aygues, qu’on le veuille ou non, coupe en deux parties distinctes l’appellation AOC Côtes du Rhône ;
2. les parcelles du projet Villedieu Vaison et celles de Buisson sont situées en coteaux ;
3. un sol homogène, argilo-calcaire comprenant très peu de garrigues ;
4. etc...
Je ne suis pas spécialiste en terroir mais voilà les véritables facteurs naturels !

De toute façon, les spécialistes de la commission nous demandent de nous rapprocher de Villedieu et Vaison. Pourquoi ne pas les écouter car ce sont eux qui décident !

Pour tout vous dire, j’ai entendu dans la bouche de certains, “JE PREFERE M’APPELER VAISON QUE RIEN DU TOUT”. C’est brut de décoffrage mais ça résume bien la situation.

Non je ne pense pas que ce soit une tare de rejoindre le projet Villedieu-Vaison. J’appelle tous ceux qui veulent faire de l’AOC villages avec nom de commune à voter massivement pour le dossier Villedieu-Vaison comme le préconise la commission.

Laurent Ayme


  Retour au sommaire La Vigne et Le Vin (2004)
  Retour au choix des années...

Gazette N°27 - 15 septembre 2004

Chapitre XVI

La Vénérable Confrérie Saint Vincent de Villedieu a tenu le 24 juillet son XVIème chapitre d’été.

Après la cérémonie religieuse concélébrée par le père Doumas et le père Mestre, prieur de la Confrérie, et magnifiquement chantée par le Chœur européen de Vaison la Romaine, les confrères ont pris place sous le porche de la place, au centre des remparts.

Toujours avec sérieux, mais aussi avec humour, Jean Dieu brosse un bref portrait personnel et professionnel de chaque récipiendaire avant de l’adouber et de lui faire l’insigne honneur de devenir Chevalier de cette Vénérable Confrérie.

Pierre Meffre, maire de Vaison et président de la COPAVO, M. Montagard, receveur des douanes au service viticulture, Pierre Guiral, directeur du Conservatoire de musique d’Avignon, André Parmentier, banquier bruxellois et Villadéen d’adoption, Jany François, directrice de l’OLRAP et Christophe Merle, directeur des achats du groupe Picard en Bourgogne ont été choisis cette année pour devenir Chevaliers de la Confrérie.

Chacun a promis de toujours « aimer et le Villedieu défendre ».

Armelle Dénéréaz





Les confrères ont pris
place sous le porche
de la place, au centre
des remparts



Cliquez sur la photo
ci-dessus
pour l'agrandir
et en voir 13 autres


Souvenir d’un "petit nouveau"

Résumer ses impressions de cette journée du 24 juillet ne doit certainement pas se limiter à la cérémonie d'intronisation qui se déroula sur la place de Villedieu avec les remparts en toile de fond.

J'ai ressenti bien mieux la joie et l'honneur de faire partie de la confrérie en participant aux trois événements de cette journée ; il me semble d'ailleurs indispensable de le faire pour, un tant soit peu, ressentir l'esprit de la Confrérie.

La cérémonie religieuse donne l'occasion d'une part de remonter aux traditions et d'autre part de "profiter" de l'église déjà superbe en elle-même mais encore embellie par la présence des membres de la Vénérable Confrérie.

Le déroulement du chapitre ayant été relaté par l’envoyée spéciale de La Gazette, je désire simplement relever les dons d'observation et la finesse de ton du recteur, Jean Dieu, qui n'a pas son pareil pour équilibrer sérieux et bonne humeur.

Quant au banquet qui réunit un nombre respectable de convives dans les locaux de la Vigneronne, il fut animé par la musique et la convivialité du bien connu Boo Boo Jazz Band.

Ce banquet clôtura donc une journée en trois temps : recueillement, cérémonie, joie de vivre. Un raccourci de la vie de chacun en quelque sorte.

André Parmentier





Le petit nouveau
au premier plan
en compagnie de
Jean-Loup Verdier
et Huguette Vial



Cliquez sur la photo
pour l'agrandir


Renouveau de l’olivier à Villedieu ?

On dirait qu’on voit de plus en plus d’oliviers ces derniers temps à Villedieu. Impression ou réalité ? Aucune statistique récente ne permet de trancher la question, mais il reste que plusieurs parcelles nouvellement plantées en oliviers attirent l’œil. La Gazette a voulu en savoir un peu plus long et a rencontré deux passionnés.

« Il ne faut pas se le cacher, on profite de la mode de l’huile d’olive et de ses vertus diététiques, qui a fait monter les prix et la consommation. Mais c’est maintenant à nous de maintenir et même améliorer la qualité de ce qui se produit. Dans ce contexte, l’AOC Nyons est un atout important ». Ces propos sont de Frédéric Serret, un jeune agriculteur de Villedieu qui a repris la ferme de son oncle depuis sept ans. Pour lui, qui exploitait déjà, avec ses parents, des vergers d’olivier à Mirabel, planter des oliviers à Villedieu était un choix logique et mûrement réfléchi. « C’est notamment une source de diversification de mes revenus », explique le jeune homme, qui exploite par ailleurs 30 hectares de vignes et vient de terminer l’aménagement de deux gîtes ruraux. « Mais au point de départ, c’est une passion : j’aime cet arbre, je le trouve beau et généreux ».

Frédéric Serret a donc récupéré quelques parcelles de vigne ou en jachère pour planter quelque 1 800 pieds d’oliviers, tout cela au cours des quatre dernières années. Il possède maintenant sept hectares et demi de vergers de ce type, la majorité étant sous appellation d’origine contrôlée, la fameuse AOC Nyons pour l’olive. C’est un travail de longue haleine. Même bien entretenus et irrigués par une installation moderne de goutte-à-goutte (du moins pour les parcelles autour de sa ferme), ses oliviers ne produiront pas de fruits au niveau espéré avant cinq ou six ans encore. « Il faut être patient, dit Serret. Mais normalement, si tout va bien, la production devrait être régulière pendant très longtemps ». On le dit, et Fréderic Serret est d’accord avec ce dicton, l’olivier est quasi immortel, tant qu’on s’en occupe un peu. L’arbre peut vivre plusieurs centaines d’années et même, dans certains cas exceptionnels, jusqu’à 1 800 ans.

Cela dit, la culture de l’olivier n’est pas sans risques. Le plus important est celui du gel. En février 1956, alors que le paysage de Villedieu comportait nettement plus de vergers et nettement moins de vignes, la chute brutale des températures à moins 20 degrés après quelques jours très doux a fait geler les oliviers et provoqué une hécatombe dont on se souvient encore ici. En 1929, une catastrophe semblable était arrivée, et en 1985, une autre, quoique moins importante, avait dévasté les oliveraies. Et tout cela, en dépit du fait que la variété cultivée dans la région, la tanche, est une des plus résistantes au froid. En 1956 donc, près de 90 % des oliviers ont été touchés, les troncs ont littéralement éclaté sous le gel. Nombreux sont les agriculteurs de la région qui ont alors abandonné la culture de l’olivier, ou n’ont gardé qu’un petit champ ou une rangée de quelques arbres.

Une autre raison du déclin de l’olivier lors des quatre dernières décennies serait que les prix payés aux agriculteurs restaient assez bas, pour un produit qui demandait des soins manuels constants et n’avait pas de nouveaux débouchés. Sur la place du village, on souligne volontiers cette dimension économique, tout en ajoutant la dimension humaine. « la cueillette des olives se fait dans la saison froide. En décembre et en janvier, souvent, c’était froid et humide, on avait les doigts engourdis. On ramassait les olives en famille, mais beaucoup d’entre nous n’aimaient pas trop cela », résume une Villadéenne dans la cinquantaine.

Ce n’est que depuis une dizaine d’années qu’on peut parler d’un retour de l’olivier à Villedieu et dans les communes alentour. Cela correspond à la création de l’AOC Nyons, qui fêtait cette année son dixième anniversaire, et à l’engouement pour un produit, devenu tout à coup haut de gamme, à la réputation toujours croissante. Dans ce contexte, la chance des producteurs de Villedieu est de pouvoir participer à ce renouveau, la commune étant sur le territoire de l’appellation contrôlée, qui couvre d’ailleurs une bonne partie des Baronnies et du Nyonsais. « Bien entendu, il y a des normes à respecter, dit Fréderic Serret. En particulier, la production est limitée à six tonnes à l’hectare, rendement qui est pour le moment rarement atteint à ce que j’en sais ». Parcourant du regard ses vergers, le jeune homme se dit confiant en l’avenir de cette production, mais avoue avoir bien hâte de voir de beaux fruits sur ses oliviers.

A deux kilomètres de la ferme Serret, au flan de la colline Saint-Claude, le paysage est un peu différent. Pas de grandes parcelles d’oliviers, mais plutôt une culture traditionnelle en terrasses face au sud, entourées de champs de vigne ou de bois. C’est là qu’André Bonnefoi a choisi de travailler ses Olea Europa. « C’est une petite parcelle, même pas un demi-hectare, qui appartenait à mon père et auparavant à mon grand-père. Elle avait été laissée à l’abandon pendant plusieurs décennies. Il y a trois ans, j’ai décidé de la remettre en culture, pour le plaisir de travailler la terre et pour honorer la tradition familiale ». Il lui a fallu beaucoup de ténacité et de patience pour débroussailler cette parcelle aux multiples banquettes superposées, envahie par les ronces et les genêts. « J’ai dégagé de vieux oliviers qui avaient poussé en hauteur de manière anarchique, parfois jusqu’à 10 mètres de haut, et d’autres qui étaient étouffés à la base » dit-il. « La plupart, coupés proprement, ont fait de nouvelles pousses et me voilà maintenant avec 45 à 50 oliviers qui repartent ». Évidemment, là aussi pas de récolte conséquente en vue, et ce n’est même pas l’objectif principal d’André. « Le plaisir d’entretenir de beaux arbres, de les avoir dans le paysage, de partager avec mes voisins qui ont des vergers d’oliviers et de qui j’apprends beaucoup : cela me suffit », dit cet enfant du pays qui a fait carrière à Paris et est heureux de retrouver ses racines.

André Bonnefoi n’est pas le seul à exprimer cette passion pour l’arbre au feuillage argenté puisqu’on voit plusieurs petites parcelles, ou parfois des banquettes isolées dans les vignes, dresser leurs arbres dans le paysage de Villedieu. Sans compter les nombreux arbres d’ornement dans les jardins et sur les terrasses. Quoi de plus normal ? L’olivier est chez lui ici, on en voit d’ailleurs des individus apparemment sauvages, non plantés, dans les bois et en bordure des chemins. La petite histoire, qu’on raconte dans tous les livres de tourisme, veut d’ailleurs que l’olivier vienne de Grèce et qu’il ait été amené en Corse et en Provence par les Grecs et les Romains il y a environ 2 500 ans. Mais c’est oublier qu’il existait naturellement ici depuis bien plus longtemps que cela. Les paléontologues ont en effet trouvé des empreintes fossillisées de cet Olea Europa, datant d’environ 8 000 ans, lors de fouilles à Marseille et dans la région d’Avignon. Autant dire que cet arbre magnifique, symbole d’immortalité et de sagesse, est ici depuis la nuit des temps ... et qu’il y a toute raison de penser qu’il y restera au cours des siècles à venir. Cultivé ou pas, il fait partie intégrante de la vie d’ici, autant que le soleil.

Jean-Pierre Rogel





Frédéric Serret




André Bonnefoi
dans son verger



Cliquez sur une photo
pour les agrandir
et en voir plus


Bourboulenc, Clairette et Grenache

Un peu plus de la moitié de clairette, un peu moins de la moitié de bourboulenc. Pour l’année, c’est 2003 et pour la couleur, c’est blanc bien sûr.

Neuf dixièmes de grenache, le complément en syrah, cinsault avec un peu de carignan, c’est du rouge de 2003. Ces deux vins d’appellation « Côtes du Rhône » sont produits et, depuis le 5 juillet 2004, mis en bouteille par Denis Tardieu.

La nouveauté, c’est la mise en bouteille. Denis Tardieu qui vinifie depuis 1981, commercialisait ses vins en cuve jusqu’en 2002. Depuis cette année, on peut enfin en goûter et en acquérir en prenant rendez-vous au 04 90 28 95 99 ou en envoyant un message à l’adresse : contact@domainedenistardieu.com, afin d’en offrir, d’en boire, d’en faire vieillir pour en boire tout en le consommant avec modération. A défaut d’utiliser le téléphone ou l’ordinateur, l’on peut se rendre à « Mosaïk », chez Hélène, restaurant très agréable et un peu secret du cours Taulignan à Vaison, qui propose déjà le Côtes du Rhône blanc du Domaine Denis Tardieu.

Sans être invité, mais ne m’imitez pas, venant de Villedieu, j’ai emprunté la route de Mirabel devenue un billard. J’ai tourné à droite dans le chemin indiquant des chambres d’hôte, « Le Cabanon ». La pente est forte mais au delà de quelques contours en épingle (arrondie), laissant un immobile « home » sur la droite, je suis parvenu à la ferme historique de la famille Travail (mérite le voyage, sinon le détour).

Dégustateurs privilégiés, nous avons été reçus, l’authentique Villadéen barbu, un peu fort qui pilote habituellement un camion bleu quand il ne le laisse pas en stationnement incertain au village (mais qui, lui, était invité) et l’auteur de ces lignes, par Annie Charrasse, Denis et Paul.

Ni Bernard B. ni moi n’avons la prétention de vous présenter un compte-rendu de dégustation d’experts, d’ailleurs, nous n’étions pas venus pour cela. Indiquons seulement, avec modestie et sous réserve de révision que le blanc a beaucoup de fruit et tire sur un discret parfum muscaté. Il nous a paru très rond avec une pointe d’amertume en fin de bouche. Sans doute, est-ce un gage de longévité ? Quant au rouge, dégusté avec l’excellent repas préparé par Annie et Denis, il nous a semblé, très typé par son cépage principal et très facile à boire. Il ne demande qu’à vieillir en bouteille.

Au fil des flacons, je me suis demandé si la « mise » avait été suffisante, car nous bûmes de ce rouge irréprochable avec les entrées, nous en bûmes avec les grillades, nous en bûmes avec le gratin d’aubergines, nous en bûmes avec les fromages, nous en bûmes après le dessert et même après la verveine maison. Si j’étais journaliste à La Gazette, j’écrirais que ce fut une soirée de réelle convivialité.

Il ne s’agit pas de vanter notre capacité plus que notre expertise, mais simplement de signaler que notre immodération qui s’exprima jusqu’à tôt le matin ne fut pas sanctionnée le lendemain par cette sorte de sinusite frontale qui frappe trop souvent au réveil les amateurs de boissons fermentées. Précisons que nous prîmes soin de nous faire raccompagner jusqu’au village par un chauffeur tempérant, le pôvre.

La raison de l’innocuité des produits de son domaine provient sans doute du fait que, depuis 2001, Denis Tardieu cultive ses vignes en « conversion biologique ». Dès les vendanges prochaines son vin bénéficiera du label « vin de raisins issu de l’agriculture biologique ».

Après avoir poursuivi des études viticoles et œnologiques à Orange puis à Montpellier, Denis Tardieu a exploité en fermage des terres du domaine familial et dès 1981 a vinifié sa récolte avec l’aide de son père, André. Il est, sauf erreur de ma part, le second viticulteur de Villedieu, après Jean Ezingeard et Henri Benoît à faire du vin en vue de commercialiser sa production sous le nom d’un domaine particulier.

Au milieu des années quatre-vingts, Denis travaillait en commun avec son père et ses frères Didier et Thierry au sein du G.A.E.C. familial et depuis 1989, il cultive ses vignes.

« Depuis que j’ai commencé, j’ai changé de monde. Par exemple, à l’époque de mes débuts quand une pièce de machine se cassait on la faisait refaire à l’unité en acier forgé et trempé. Aujourd’hui, on change systématiquement certaines pièces chaque année. De même, je pratique une agriculture que l’on n’apprend pas à l’école. Hormis le cuivre, modérément, et le soufre, je n’utilise pas de produits de traitement. Pas de désherbant et surtout pas de produits chimiques de synthèse. La fertilisation est pratiquée à partir de composés organiques : compost de fumier et matières végétales » dit Denis Tardieu après avoir insisté sur l’influence d’Annie Charasse qui, comme son père Gilbert, « porte » à la cave coopérative, La Vigneronne, des raisins « bio ».

Vivant et travaillant loin du village, mais à la même altitude Denis Tardieu est très actif dans la vie sociale de Villedieu. Il préside notamment le club échiquéen, il prend en charge avec René Kermann les élèves de l’école communale qui souhaitent s’initier au jeu d’échec pendant la récréation. Enfin, il est aussi trésorier de l’Amicale Laïque de Villedieu.

Côtes du Rhône rouge et blanc du Domaine Denis Tardieu, en vente à la propriété. Je rappelle le numéro de téléphone et l’adresse « électronique » : 04 90 28 95 99. contact@domainedenistardieu.com et le site : www.domainedenistardieu.com.

Jean Marie Dusuzeau


  Retour au sommaire La Vigne et Le Vin (2004)
  Retour au choix des années...



Domaine
Denis Tardieu









Cliquez sur une photo
pour les agrandir



Gazette N°28 - 22 novembre 2004

Titre : 13,5°

La récolte s’est déroulée dans des conditions climatiques exceptionnelles, sans un jour de pluie.

D’où des apports journaliers satisfaisants permettant des vinifications judicieuses et bien gérées.

En côtes du Rhône primeur, il a été élaboré et vendu 1 500 hl.

Qualitativement :

• Chardonnay : très bonne qualité, vin citronné en bouche, acidité plus marquée mais bon équilibre ;

• Merlot vin de table et pays : très joli vin, très rond, très souple ;

• Côtes du Rhône et villages : très très bon millésime, robe soutenue, rond, gras et charpenté.

On peut noter un degré moyen élevé comme en 2003.

En conclusion, comme en 2003, la qualité des vins de la Vigneronne sera remarquable.

Jean-Pierre Andrillat





Vendanges chez
Henri Favier





Cliquez sur une photo
pour les agrandir
et en voir plus


Primeurs : 13°

Affluence record à la cave pour la présentation du "primeurs" 2004 le samedi 20 novembre. Primeurs récompensés à Vaison la Romaine, une médaille d’or pour le rosé et une médaille d’argent pour le blanc.

Le buffet a eu un succès foudroyant, à la hauteur du vin lui même.

Après une cuvaison brève et une fermentation à basse température, le primeur a été élaboré à partir des cépages : grenache, cinsault, syrah. Gouleyant et fruité il annonce un millésime prometteur.

A consommer d’urgence.







Cliquez sur la photo
pour l'agrandir


Chardonnay : 12,6°

Jean Pierre Andrillat et Jean Dieu ont présenté le chardonnay 2004 aux viticulteurs, aux fournisseurs et aux élus le 14 octobre.

« Ce chardonnay », explique Jean Pierre Andrillat, « a été récolté dans des délais plus normaux qu’en 2003 où la récolte avait été exceptionnellement précoce, aux alentours du 21 août. Mille deux cents hectolitres sont produits ».
« Une note de citron et de pamplemousse caractérise cette cuvée 2004 » précise le directeur de la cave. Il invite le public présent à le déguster sans plus attendre tout en l’accompagnant de pains fabriqués par son ami Bagnols, boulanger à Carpentras. Ces pains ont la particularité d’être fabriqués à base de chardonnay et aussi de grumes de syrah. Ils accompagnent parfaitement le chardonnay qui se laisse bien apprécier.

Grâce à une météo exceptionnelle les viticulteurs de Villedieu ont terminé les vendanges dans d’excellentes conditions et s’attendent à un millésime de qualité.

« La vinification s’est très bien passée et l’on devrait obtenir une production équivalente à 2003 tant en quantité qu’en qualité » explique Jean Dieu. Des vins très colorés et très charpentés. De quoi réjouir les amateurs.

Armelle Dénéréaz


Scoop

La Abély-Labini Limited Company a mis au point une nouvelle machine. Après la machine à ramasser les greffés, la machine à arracher les souches. Ça marche et ça fait un travail super propre. On en reparle dans le prochain numéro et en cas de besoin : 06 07 81 88 40


Vendange 2004 à la Vigneronne

Catégories kg kg / degré degré moyen rend. en % hl
Village
Côtes du Rhône rouge
Côtes du Rhône bio rouge
Côtes du Rhône blanc
Vin de pays
Chardonnay
Vin de table
Vin de pays bio
131 045
2 417 510
371 965
136 040
671 830
150 230
349 940
32 390
1 801 894
32 010 218
5 014 882
1 600 582
8 404 215
1 895 965
4 322 661
411 534
13,75
13,24
13,48
11,77
12,51
12,62
12,35
12,71
1,29
1,29
1,29
1,29
1,29
1,29
1,29
1,29
1 015,85
18 740,39
2 883,45
1 054,57
5 207,98
1 164,57
2 712,71
251,09
Total 4 260 950 55 461 953     33 030,61


Je titre cette année 13,01633509°

Après un long sommeil hivernal, notre mère vigne veille, en début de printemps, à l’épanouissement de nos bourgeons, accompagnée du père soleil et de ses chaleureux rayons. Au fil des jours les feuilles, nos ombrelles, nous protègent des intempéries et aussi des ardeurs printanières trop entreprenantes.

Vers la fin du mois de mai, un parfum subtil se répand pour annoncer notre naissance. Au bout de quelques jours, nous prenons forme et commençons notre croissance en recevant régulièrement des soins contre les maladies et les insectes indésirables. Au milieu de l’été, nous avons eu très chaud et soif et nous en profitons pour prendre des couleurs. Enfin la pluie arrive et nous nous gorgeons d’eau pour nous sucrer sans modération.

Finalement l’automne s’installe et l’agitation redouble. Avec la sympathique équipe de la Vigneronne qui prépare la grande fête de famille du mercredi 13 septembre 2004 sonne le début de quatre semaines de récolte. Avec le soleil qui est de la partie et un accueil chaleureux durant la conquête des conquêts, c’est une attention toute particulière qui nous est prodiguée en tenant compte de notre diversité, de nos caractères et de nos degrés de maturité. Que demander de plus ! "Elle est pas belle la vigne ?".

Au fait, je m’appelle grenache, une très vieille souche dont les origines pourraient bien remonter à 40 ans avant J.C. (ne pas confondre avec le barman du Centre), ce qui confirme que lors de la Cène, Notre Seigneur transforma l’eau en vin. Claude Evin devrait lire dans la bible « Prenez et buvez en tous ».
Venant de Rome, la vigne arrive entre 138 et 117 avant J.C. en remontant le Rhône avec Hadrien. Parti de Massilia, il est arrivé à Vasio et dans d’autres villes pour constituer la Provence romaine du premier siècle.

Aujourd’hui mes cousins sont très nombreux (305 cépages pour 467 AOC) et s’appellent dans notre région : mourvêdre, carignan, cinsault, syrah, etc. Ils se sont associés à la famille des merlot et chardonnay. Des cousins sont aussi présents en Californie, au Chili, en Australie, en Afrique du sud, etc. Du fait qu’ils sont éloignés, nos relations ne sont pas terribles, peu courtoises dirons-nous.
C’est peut-être les raisons pour lesquelles nous les avons Evin C.
La grande manifestation familiale du 24 octobre a permis de savourer sans modération mais avec retenue, tous nos parfums, goûts et arômes mis en valeur par la Vigneronne.
Toutes ces qualités ont été appréciées n’en déplaise à Claude Evin. Hé Vin, nous affirmons l’aspect thérapeutique et convivial de ta consommation.

Un journaliste de passage à la cave de Villedieu questionne : « Au fait quel est le meilleur assemblage en 2004 ? ».
Réponse d’un haut responsable : « 75 % de grenache, 25 % de cinsault et 10 % de syrah ».
« Mais, réplique le journaliste, cela fait 110 % ».
« Oui, mais cette année c’est très concentré ».

Depuis 1993, il est regrettable que Claude Evin confonde l’information avec la publicité. A propos de modération : le Comité économique du sud-est "Cévise", précise que parmi les cinq millions de Français ayant un problème avec l’alcool, figurent nos mères et nos grand-mères qui boivent un verre à midi et deux le soir. Elles sont assimilées à ceux qui boivent trois whiskies et neuf verres de vin par jour. Non sans humour, on ne précise pas la taille des verres.

Autre statistique : selon la faculté, 45 000 personnes meurent d’alcoolisme chaque année en France. Sur mille personnes interrogées, quasiment toutes ont répondu qu’il fallait bien mourir de quelque chose. "Autant bien vivre et boire bien". Riberti avait aussi une méthode corsée pour faire voter les morts.

En conclusion, nous donnons la parole à Michel Marengo propriétaire du château Hutin-Ducasse (haut Médoc) : « Les professionnels du vin ont désormais une grande responsabilité, celle de défendre et de former à des modes de consommation des vins de qualité contre la tentation de la quantité. Enfin, celle de mener des campagnes de promotion explicatives et éducatives qui donnent des vraies raisons d’apprécier nos appellations d’origines contrôlées ».

Alain bériot


467 appellations contrôlées depuis 1937. A propos, connaissez-vous le "Red bicycle" (bicyclette rouge) ? La cave coopérative de Limoux dans l’Aude a lancé ce produit par le biais d’un important négociant en Californie. Il a débarqué sur le marché américain au début de 2004, vinifié et élevé par le groupe Gallo-Limoux. L’étiquette ne manque pas de saveur "vélo, baguette de pain sous le bras, notre cycliste pourrait être coiffé du béret", il ne manque que les charentaises. Telles sont nos valeurs, nos saveurs, nos préférences !

467 AOC représentent 55 % de parts de marché en volume. En 2002, 24,5 millions d’hectos ont été déclarés en appellation contre 19,3 millions pour les vins de pays et de table. En Europe, depuis dix ans, la consommation est relativement stable : 128 millions d’hectos annuels, celle du monde entier était de 196 millions en 1993 (tient, la loi Evin ! quelle surprise). Nous en sommes à 227 millions en 2002.







Cliquez sur l'illustration
pour l'agrandir


Le vigneronnoscope


Aurélie Haupaix

« A, B,C », Aurélie ne connaît que ces trois lettres.
Une seule satisferait tous les coopérateurs : le « A » :
raisin de la meilleure qualité.




Jérémie Favier

Très sérieux. Très carré sauf
le lundi matin lorsqu’il s’est
fait escagasser la veille sous
la mêlée souvent gagnante
de Vaison.




Jérémy Gervais

Jé remy eûn tournée au Sporting après une nouvelle défaite du moto-ball vaisonnais à Valréas.



Franck X

Franck, l’un des trois décuveurs anonymes de Carpentras dont deux invisibles. Ils ont sorti le marc et sont repartis avec leur provision de dioxyde de carbone.



Guillaume Dieu

Dans la Trinité c’est le fils. Guillaume commence son année sabbatique au pied des cuves et répète à son tour : « Prenez et buvez en tous ».



Jean Dieu

Le président ?
Le Saint Esprit ?
Jeannot règne avec une onction toute pontificale sur le monde de la Vigneronne.




Huguette Vial

Dégustatrice bénévole en chef des p’tits blancs de la cave, seulement jusqu’à midi.



André Dieu

Descente du Cau, ouverture d’une vanne, montée, quatre à quatre, aux cimaises de la cave, descente à la cave de la cave, fermeture d’une vanne, montée du Connier, pause, descente du Cau... Dédé le fait cent fois en gardant le sourire grâce à son Souffle.



Jean-Pierre Andrillat

Popeye bout comme le « villages » pendant les vendanges, retombe vite quand il a fait sa « malo » et s’épanouit à la dégustation du primeur.



Sabine Maenhout

Sabine alterne avec Monique à la vente au caveau, sa silhouette annonce une vendange hivernale prometteuse.



Elisabeth Marche

Venue des Vosges, Babette a dédaigné l’Alsace au profit du Comtat. Elle traite la clientèle du grenache avec le sérieux et la compétence qu’imposerait le riesling.





Julien Moinault

Père et père (Marine et Lisa), Julien sur son fil s’envole comme un piaf sur les cuves en inox dont les recoins inaccessibles n’ont jamais autant relui.



David Quenin

Venu de Mirabel en passant par Richerenches où il est en deuxième année d’études, il fait un stage actif et prometteur à la Vigneronne.



Christiane Thès

Si la cave était la sagesse, Christiane serait l’un de ses sept piliers. Réservée comme les vins de garde, elle sait souvent rire et parfois pincer.



Monique Vollot

Au poste de commande de sa cabine spatiale lors des vendanges, Monique gère, pèse et distribue les apports dans les cuves satellites.



Hassaïne Aouragh

Hassaïne « Mac Gyver », plombier, électricien, mécanicien. Il est le talentueux bidouilleur indispensable à la Vigneronne.





Vendanges bénies, oignons et jazz
ou le dimanche 31 octobre d’un bénévole fabulateur


Durant la messe de onze heures, je larmoyais, caché dans le fond de la nef, car dès l’aurore nous avions commencé l’épluchage des oignons (pour deux cent cinquante personnes), les organisateurs de la fête des vendanges 2004 et moi.

Après l’office, à midi, se sont retrouvés sur la place face au barrì : la Vénérable Confrérie Saint-Vincent, les membres du syndicat des vignerons, les coopérateurs, des Villadéens sans spécialité agricole, des vacanciers de la Toussaint venus fermer les robinets avant les gelées, l’orchestre Doudelle qui joue sans sono, la sono du comité des fêtes réglée par M. Larsen, des natifs et des « estrangers », et enfin des badauds non-identifiés. Ils venaient entendre le discours d’inauguration du blason de Villedieu et de sa devise (œuvre taillée dans la pierre par Serge Raffin), prononcé par Henri Favier, premier adjoint au maire et troubadour.

Des réfractaires à la loi Evin, au Centre, en ont profité pour discuter du sens de la devise de la cité : « Noli irritare leonem ». Signifie-t-elle : « Il est vain d’irriter le lion » comme certains le prétendent ou « rien n’irrite le lion », comme le disent la plupart ? Ou bien, comme l’affirma sans preuve l’un des consommateurs, s’agit-il de la traduction en latin de cuisine d’un proverbe bochiman rapporté d’Afrique par un légat du Pape d’Avignon dont le sens serait « N’escagasse pas le cousin du lion avant d’avoir fini de traverser la savane » ? Je n’ai pas participé au débat, mes paupières rouges et très « irritarées » étaient douloureuses.

J’ai vu le père André Mestre bénir le vin (nouveau), les tracteurs (de collection), le pressoir (à vis), les charrettes (à l’ancienne), les pampres (surmûris) et l’assistance (un peu dissipée). Des esprits, sans doute chagrins – j’en pleure encore –, déplorèrent l’absence des chevaux, des mules et mulets qui égayaient les vendanges de jadis de leur cortège de mouches. Faute d’équidé, certains tracteurs pissaient l’huile au moment de l’ondoiement.

Me rendant ensuite, comme presque tous, au jeu de boules, j’ai tenté, comme d’autres, d’estimer le taux de sucre du moût fraîchement foulé. Il me parut très sucré mais bien humide. Les yeux brouillés de larmes, je n’ai pas pu vérifier la solution de l’énigme donnée par Maître Refracto, huissier de la Vigneronne, que je pris pour Jean Dieu, son président, chaussé d’un lorgnon.

L’orchestre Doudelle animait les apéritifs (les cuvées 2004 de la Vigneronne), les repas, enfin toute la fête. Il y réussit si bien qu’en l’écoutant, et surtout quand improvisait le saxophoniste, je crus entendre Sydney Bechet ressuscité jouant "les Oignons".

Je l’affirme, cette musique n’était pas de la soupe et me tira des sanglots nostalgiques.

Nous mangeâmes sous le chapiteau le repas préparé par le comité des fêtes : lentilles, pois chiches, grillades variées, fromage, tarte, vin, café. Les convives semblèrent se régaler. Pour ma part, ma part de tarte aux pommes, baignée de mes pleurs intarissables, eut une saveur un peu trop salée.

J’ai partagé l’après-midi entre la cuisine, le concours de pétanque - ma défaite dès la première mène m’arracha des larmes de dépit - et le service de l’apéritif.

A huit heures nous dégustâmes la soupe aux oignons (enfin épluchés, revenus et devenus inoffensifs) concoctée par Majo et Yvan Raffin. Ce repas de réveillon eut pu assécher mes yeux, mais voir le gros lot de la tombola m’échapper, à un chiffre près, provoqua à nouveau la cataracte de mes glandes lacrymales.

Pour tous, cette journée sera mémorable, car, en outre, le ciel fut limpide, la température douce, le temps beau à en pleurer.

Pour copie conforme : J. M. Dusuzeau







  Retour au sommaire La Vigne et Le Vin (2004)
  Retour au choix des années...













Cliquez sur une photo
pour les agrandir
et en voir plus