Récréation : J'ai lu... |
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Gazette N°22 - 24 décembre 2003 Nous avons décidé dans chaque numéro de parler dun livre disponible à la bibliothèque sous la rubrique jai lu. Un lecteur pourra inciter chacun à lire ce quil a aimé. Nous déclinerons cette idée aussi en jai vu, jai bu, jai mangé... Erik Orsenna - La grammaire est une chanson douce J'ai lu, j'ai beaucoup aimé et je me suis bien amusée : « Elle était là la petite phrase bien connue, trop connue : je t'aime. Tout le monde dit et répète "je t'aime". Il faut faire attention aux mots. Ne pas les répéter à tout bout de champ. Ni les employer à tort et à travers, les uns pour les autres, en racontant des mensonges. Autrement les mots s'usent. Et parfois, il est trop tard pour les sauver ». Erik Orsenna, La grammaire est une chanson douce, p.12. Livre disponible à la Société de Lecture. Tous les dimanches de 11 h à 12 h. Annette Gros
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![]() ... J'ai lu, j'ai beaucoup aimé et je me suis bien amusée ... |
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Gazette N°25 - 03 juin 2004 Dai Sijie - Balzac et la petite tailleuse chinoise
Comme je n’en suis qu’à la page 78 sur 346 du roman de Dai Sijie, "Le complexe de Di", il est un peu trop tôt pour en parler dans La Gazette.
Mais, c’est la lecture d’un autre texte du même auteur qui m’a conduit à poursuivre la découverte de son œuvre. Il s’agit d’un roman, de 158 pages, publié en 2000 chez Gallimard. Son titre est déjà une réussite : "Balzac et la petite tailleuse chinoise". Ceux qui liront ce récit découvriront ce qui peut lier l’auteur, l’énorme romancier du XIXème siècle, et une couturière au fin fond d’une province reculée de la Chine pendant la révolution culturelle. J’ai beaucoup aimé l’écriture de Dai Sijie, écrivain chinois, qui rédige directement en français dans un style clair, précis, concis mais le plus souvent imagé. Beaucoup d’entre nous peuvent le lui envier. Envoyé à la campagne pour être rééduqué, le romancier m’a passionné par le récit, à la première personne, d’un témoin et modeste acteur d’aventures dont l’Occident ne reçoit le plus souvent que des comptes rendus généraux et simplificateurs. Di Sijie ne dénonce pas. Il raconte de façon simple et poétique l’éducation sentimentale, rurale, musicale, littéraire, morale qu’il a reçue quand il subissait sa rééducation. Enfin, j’ai particulièrement apprécié l’humour de l’auteur. Il est fait de distance compatissante à l’égard des personnages positifs, de dérision de potache envers ceux qui le maltraitent ou cherchent à le faire souffrir et d’ironie candide mais impitoyable à l’égard de lui-même. T.d.V. - T.d.C
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Gazette N°26 - 11 juillet 2004 Henning Mankell - La cinquième femme
Ca y est ! La lecture du Complexe de Di, roman de Dai Sijie est achevée. Jai terminé aussi un gros pavé dHenning Mankell (582 pages), publié en 2000 aux éditions du Seuil, dans une collection de romans policiers.
Il est vrai que cela a tout lair dun roman policier puisque lon suit lenquête dun inspecteur nommé Kurt Wallander à Ystad, ville de Scanie, province du sud de la Suède. Comme beaucoup dhistoires policières le texte commence par des « séquences » dont le sens final échappe au lecteur. Mais comme dans de nombreux romans, tout court, je me suis un peu ennuyé pendant une centaine de pages avant dêtre pris, et puis frustré à la fin de la lecture de la dernière page car cétait terminé. Le titre de la traduction française est : « La cinquième femme », en suédois « Den femte kvinnan », mais jai vainement cherché une référence au roman despionnage « Le troisième homme ». Jai bien apprécié le style. Des phrases courtes indiquant des gestes ou des pensées plutôt que descriptives. Jai bien aimé aussi les débats intimes de Kurt Wallander « partagé » en permanence. Il est, en particulier, préoccupé de passer ses intuitions au crible de la raison. Cest une pratique qui me paraît intéressante non seulement de la part dun flic mais aussi chez les hommes. Quant au « Complexe de Di », cest aussi bien que « Balzac et la petite tailleuse chinoise ». Cest plus long et donc le plaisir dure plus longtemps. Et même si cela se passe dans le Chine contemporaine, cest différent. T.d.C.-T.d.V
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![]() Des phrases courtes indiquant des gestes ou des pensées... |
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Gazette N°27 - 15 septembre 2004 Georges Hyvernaud - La peau et les os
La Gazette a consacré un article au spectacle donné en 1942 en faveur des prisonniers de guerre. Par la grâce de la photo mystère, elle parle d’eux à nouveau. L’expérience des prisonniers de guerre n’a pas eu beaucoup de place pour s’exprimer après la seconde guerre mondiale : il y avait des souffrances bien plus grandes qui éclipsaient celle-là. J’ai relu pour la circonstance un livre que j’ai trouvé excellent et très bien écrit.
Le livre de Georges Hyvernaud a été publié juste après la guerre. Il dit la souffrance, l’humiliation, la remise en cause des idéaux par l’un de ceux qui a passé ces années en captivité parmi plus d’un million deux cent milles soldats prisonniers : six ans d’absence avec la drôle de guerre. Dans le premier chapitre, « Passé composé », nous sommes en 1945, une semaine après le retour du prisonnier, dans un repas de famille. Alors que l’on est normalement en train de fêter son retour, il n’a pas sa place dans cette réunion où chacun raconte ses « souvenirs » de la guerre, souvenirs améliorés souvent dans cette période qui a connu, lorsque tout était fini, un grand nombre de héros. Impossible de renouer avec la vie d’avant après ces 6 ans, impossible de les gommer aussi, impossible de les raconter : personne ne veut entendre. « Mes vrais souvenirs, pas question de les sortir. D'abord ils manquent de noblesse. Ils sont même plutôt répugnants. Ils sentent l'urine et la merde. Ça lui paraîtrait de mauvais ton, à la Famille. Ce ne sont pas des choses à montrer. On les garde au fond de soi, bien serrées, bien verrouillées, des images pour soi tout seul, comme des photos obscènes cachées dans un portefeuille sous les factures et les cartes d'identité. Et puis les gens sont devenus difficiles sur la souffrance des autres. Pour qu'ils la comprennent, et encore, il faut qu'elle saigne et crie à leur tordre les tripes. Nous n'avons à offrir, nous autres, qu'une médiocre souffrance croupissante et avachie. Pas dramatique, pas héroïque du tout. Une souffrance dont on ne peut pas être fier. Quelques coups de pieds au cul, quelques coups de crosse, au bout du compte ce n'est pas grand-chose. L'expérience de l'humiliation n'est pas grand-chose. Sauf pour celui qui est dedans, bien entendu : celui-là ne s'en débarrassera plus ». Dans le deuxième chapitre, « Tourner en rond », c’est le quotidien du camp de prisonnier, le stalag, qui est visé. Ca commence comme ça : « Le pire de tout, c'est les cabinets. Quand je veux former une image dense et irréprochable du bonheur, c'est à des cabinets que je pense. [ ... ]. Je suis assis dignement sur la couronne de bois verni, dans ma dignité d'homme libre. Je suis assis au centre d'un épais silence savoureux. [ ... ]. Je suis assis. J'ai tout mon temps et toute ma liberté. [ ... ]. Les cabinets, ici, c'est une baraque badigeonnée d'un brun ignoble, avec une porte qui ne ferme pas et des vitres cassées. Seize sièges là-dedans, huit d'un côté, huit de l'autre. Et des traces de merde sèche sur les sièges. On s'installe côte à côte, dos à dos. Seize types sur leurs seize sièges, alignés, identiques, pareillement attentifs au travail de leurs boyaux... ». Dans les trois derniers courts chapitres, à travers son expérience personnelle, ses désillusions, l’humiliation de la défaite, de la vie dans les stalags l’auteur développe une vision de la vie individualiste, désespérée, défendant le petit, celui qui subit l’événement. Il part du concret, de l’expérience vécue, dans un style, simple, direct, prenant. Yves Tardieu
Georges Hyvernaud, La peau et les os, Presse-Pocket, 158 p., 3,80 €. Disponible à la Société de Lecture. ![]() ![]() |
![]() Un style, simple, direct, prenant... |
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Gazette N°28 - 22 novembre 2004 Georges et Andrée Leyraud - Rasteau, mémoire d'un village
À quatre-vingts ans passés, Georges et Andrée Leyraud ont décidé d’écrire un livre.
Ils voulaient témoigner de ce qu’ils avaient vécu à Rasteau, faire le bilan d’une époque traversée et aussi bien de leur vie. En d’autres termes, ils se proposaient de faire l’inventaire de ce qui était arrivé dans un lieu déterminé, la commune de Rasteau, depuis les années 1920, jusqu’à nos jours. Intéressant, n’est ce pas ! Ce livre est disponible chez les auteurs, Georges et Andrée Leyraud au 04 90 46 11 06 et au Centre Départemental d’Animation Rurale de Rasteau. Tél. 04 90 46 15 48. Laurent Ayme
En savoir plus : visitez le site de la Fédération des Oeuvres Laïques de Vaucluse. ![]() ![]() |
![]() Rasteau, mémoire d'un village |
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Gazette N°29 - 27 janvier 2005 Jean-Christophe Rufin - Globalia
Globalia de Jean-Christophe Rufin, qui se présente comme un des romans à succès de l’été dernier.
L’intrigue se passe dans un futur non précisé, tout de même assez proche de notre époque et je dirais que c’est une sorte de fable sur la mondialisation. Dans le monde de Globalia, dont la devise est « Liberté, sécurité, prospérité », on vit dans des zones dites sécurisées par rapport aux risques de catastrophes naturelles et à ceux du terrorisme. Dans des villes recouvertes de gigantesques coupoles transparentes, les loisirs sont permanents, la vieillesse est abolie et on appelle les vieux « personnes de grand avenir ». Mais il y a un monde extérieur peuplé de rebelles ou de nostalgiques vivant dans les « non-zones ». Le roman décrit les aventures de trois jeunes qui se rebellent contre cette forme extrême de démocratie. On ne s’ennuie pas trop à la lecture, il y a notamment une belle ironie dans la description des mœurs des Globaliens, mais j’ai trouvé le fil romanesque un peu mince. L’auteur me semblait plus en forme dans ses précédents romans : "L’Abyssin" et "Rouge Brésil". Toutefois, ce roman fait réfléchir - et c’est déjà beaucoup - sur la tendance globalisatrice de notre monde et sur l’obsession de la sécurité, deux phénomènes sur lesquels, en bons citoyens, on nous demande de nous montrer ouverts. Mais comme disait le poète Lawrence Ferlinghetti : « Il est bon d’avoir l’esprit ouvert, mais pas au point que le cerveau tombe par terre... ». La grande force de ce roman est de réveiller notre sens critique face à la démocratie « absolue ». Plus actuel, et plus pertinent selon moi que le fameux roman « 1984 » d’Orwell... Philippe Doumenc - Les Comptoirs du Sud J’ai aussi lu un roman de Philippe Doumenc, "Les comptoirs du Sud", qui avait reçu le prix Renaudot en 1989. Sous forme de récit réaliste, c’est l’histoire de ces enclaves isolées que la France entretenait sur la côte du Maroc à l’époque coloniale. Une histoire oubliée ou méconnue. Ces comptoirs ont disparu d’un trait de plume en 1960 à la suite d’une décision politique en haut lieu, dans des circonstances troubles. Nous suivons ces événements à travers les yeux d’un jeune officier de marine français qui fait son service militaire dans le comptoir de Chella (note aux gourmets villadéens : tout près de Melilla, d’où viennent les excellentes sardines de la rue Trogue-Pompé...). Bien vite, la nécessité de protéger les colons de l’intérieur des terres propulsent notre jeune officier dans un avant-poste des montagnes du Rif, seul parmi les populations arabes locales. C’est bien écrit, plein d’odeurs de la Méditerranée et de couleurs des montagnes de la côte marocaine. J’ai trouvé que c’était un excellent roman-vérité sur un avatar de la guerre d’Algérie, un roman qui sonne particulièrement juste alors que nous redécouvrons cette période trouble. Jean-Pierre Rogel
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![]() On ne s’ennuie pas trop à la lecture, [...], mais j’ai trouvé le fil romanesque un peu mince... ![]() un excellent roman-vérité sur un avatar de la guerre d’Algérie... |
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Gazette N°30 - 20 avril 2005 Jean-Paul Dubois - Une vie française
J'ai lu "Une vie française" de "Jean-Paul Dubois", aux éditions de l'Olivier.
Dans ce roman, l'auteur raconte la vie d'un certain Paul Blick depuis l'âge de cinq ans en 1958 avec le Général de Gaulle jusqu'à la réélection de Jacques Chirac en 2002. Alors, avertissement ! Que ceux qui aiment le politiquement correct et le respect des conventions sociales s'abstiennent de parcourir ce roman. Il n'est pas pour eux. Quant aux autres comme moi qui se délectent de l'insolence d'un Guy Carlier ou d'un Pierre Desproges ils se régaleront. L’auteur, Jean-Paul Dubois tire sur tout ce qui bouge, un vrai jeu de massacre, tout le monde en prend pour son grade, la famille, l'armée, la religion, les politiques, les sportifs. Ha ! Les sportifs qu'est-ce qu'ils prennent les pauvres (surtout les footballeurs). C'est tout le genre humain qui est passé à la moulinette de l'irrespect et de la dérision. C'est drôle et décoiffant. Mais derrière la façade de l'arrogance se cache un romancier bourré d'humanité et de tendresse et aussi un grand écrivain qui sait raconter le quotidien dans un style facile à lire, riche et simple à la fois. Alors pour ceux qui ne craignent pas ce genre de littérature, bonne lecture ! Robert Gimeno
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![]() C'est tout le genre humain qui est passé à la moulinette de l'irrespect et de la dérision... |
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Gazette N°31 - 03 juin 2005 Jean-Paul II - Mémoire et identité
Voici deux mois que Jean Paul II nous a quitté. Que reste-t-il après l’orage médiatique qui s’est abattu durant les derniers moments de son existence ?
Le bandeau de son livre "Mémoire et identité" peut fournir une réponse : le testament politique et spirituel de Jean Paul II. Spirituel ; car tous les grands sujets y sont traités : religion, philosophie, histoire, théologie se déploient de concert pour amener la question fondamentale du bien et du mal. Politique parce que les hommes ont cherché de tous temps depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours à donner une réponse à cette interrogation en créant différents systèmes de gouvernement. Inévitablement les deux totalitarismes qui frappèrent le vingtième siècle sont commentés à plusieurs reprises. C’est ainsi que curieusement la lecture de l’ouvrage nous fait oublier celui qui fut le pape pour découvrir l’homme Carol Wojtyla et qui consciemment nous invite à suivre son regard et ses interrogations sur le monde. En particulier sur l’Europe qui se construit depuis deux millénaires. Karol Wojtyla est clair à ce sujet, pas d’identité sans mémoire, en effet l’histoire a-t-elle une limite ? et surtout de quelle nature est son dépassement ? Ce livre écrit simplement, permet de mieux comprendre les enjeux politiques qui s’expriment aujourd’hui dans la construction européenne et il a surtout le mérite de promouvoir une unité accessible à tous. François Dénéréaz
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Gazette N°32 - 15 juillet 2005 Bernard Clavel - La Guinguette [ par René Kermann ]
Cette maîtresse femme, 1m80, 1 quintal, porte le nom de l’établissement qu’elle tient : la Guinguette. Veuve, elle vit avec son fils et une dizaine de chats qui portent tous des noms de personnages d’opéra (Carmen, Aida, Lakmé, etc...).
En plus de sa guinguette, elle « braconne » un peu le poisson dans le Rhône la nuit, avec son voisin. Ce jour-là, après la pêche nocturne, l’inquiétude la gagne soudain : son fils n’est pas rentré. C’est le garde champêtre qui, vers midi, lui annonce la mauvaise nouvelle : son fils est hospitalisé à Lyon. En fait, arrêté pour ivresse, il aurait été tabassé à mort par un gendarme sur qui il aurait tapé. C’est ce que raconte l’ami qui était avec le fils. La police nie bien sûr. Cette femme simple, qui ne croit ni aux avocats, ni à la justice, décide de venger son petit et pour ce faire sacrifiera jusqu’à sa vie. Toute cette histoire baigne dans le Rhône sauvage en crue. Le tempérament de la Guinguette est le même que celui du Rhône en colère. Il déborde de partout sans se soucier des dégâts occasionnés. On termine le livre très ému, mais également avec un fort sentiment de colère. Bernard Clavel est né en 1923 dans le Jura. Prix Goncourt en 1968 pour « les fruits de l’hiver », son œuvre est abondante avec des romans (Malataverne...), de grandes fresques (Le Royaume du Nord) et La Guinguette. ![]() ![]() |
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Gazette N°33 - 27 septembre 2005 Tito Topin - Le sytème Navarro Notre ami Tito nous a rejoints à Villedieu en 1975.
Nous pensions (presque) tout connaître de lui puisque notre amitié remonte à 40 ans, mais nous avons découvert à travers son livre sa vie aux côtés de Navarro, la vie dun auteur de séries télévisées à succès mondialement énorme (plus dun milliard de téléspectateurs pendant plus de 15 ans). Une vie qui la emmené à travers tout un monde « spectaculaire », artistes, écrivains, producteurs, lieux de rêves, jours de fête. Découvert aussi lenvers du décor comme celui des lieux de tournage en intérieur regroupés dans une ancienne usine de la banlieue parisienne lappartement où Navarro, du haut de son 30e étage, admire la vaste étendue dun Paris scintillant des lumières du soir. Ça cest lendroit. Lenvers : un rez-de-chaussée, une toile peinte derrière la baie qui donne lillusion. « Le système Navarro » révèle également, avec une bonne couche de causticité, les manuvres de certaines chaînes pour faire entrer leurs programmes dans le cadre le plus économiquement rentable pour elles et les téléspectateurs dans celui davaleurs de publicités ravageuses et de séries familialement correctes. Ce livre est plein dhumour, il vous fera rire, même sil se termine en humour noir dans un flot dhémoglobine littéraire. Navarro nest plus, vive Navarro que nous reverrons dans la rediffusion de ses exploits de flic n°1. Alain et Claude Bériot
Tito Topin, Le sytème Navarro, préface de Roger Hanin, Kubik éditions, septembre 2005. |
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Misha Defonseca - Survivre avec les loups
Ce livre relate lhistoire vraie dune petite fille juive de 7 ans dont les parents sont enlevés par les nazis en 1941.
Elle parcourra à pied un peu moins de 4000 km pour essayer de les retrouver ... vers lest : le seul indice qui la rattache à eux. Sur son chemin, seuls les loups lui offrent une compagnie réconfortante. Avec eux, elle apprendra à survivre. Durant 4 années derrance à travers lEurope à feu et à sang, lenfant découvre la violence des hommes et lhumanité des bêtes. Cette biographie est un témoignage simple mais authentique, avec des moments forts et émouvants, parfois durs et bouleversants. Il nous plonge dans la réalité sauvage de la seconde guerre mondiale vue à travers les yeux dune petit fille dont le parcours de vie est dune incroyable force. Régine Bellier
Misha Defonseca, Survivre avec les loups, Presse pocket ou XO éditions, selon le format... ![]() ![]() |
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Gazette N°34 - 23 novembre 2005 Joy Fielding - Ne compte pas les heures [ par Maria Guiberteau ] La touchante histoire d’un couple en instance de séparation dont l’épouse apprend qu’elle est atteinte de SLA (sclérose latente atrophiante), maladie neurodégénérative à l’issue fatale qui laisse ses victimes pleinement conscientes mais progressivement incapable de contrôler leur corps.
Celles-ci meurent étouffées. Ce couple devra faire face à ce bouleversement de leur existence. C’est une histoire poignante où les démons du passé ressurgisssent, où le courage de cette femme devant la déchéance physique nous émeut à chaque instant. Joy Fielding, Ne compte pas les heures, Robert Laffont, 2002. ![]() ![]() |
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Gazette N°35 - 3 janvier 2006 Michel Pastoureau - Bleu, l'histoire d'une couleur [ par Yves Tardieu ] Maladie contagieuse ou sponsorat réussi ?
Le Villadéen attentif ne peut que se poser cette question. Nous connaissons tous la prédilection (l'obsession ?) de notre pizzaïolo pour le bleu. V'là ti pas que La Gazette n°34 a été imprimée entièrement en bleu et que la commune a paré de bleu la totalité des platanes de la place à l'occasion des fêtes de Noël. Dans un cas comme dans l'autre, les avis sont partagés sur le résultat esthétique de la chose. Le Villadéen barbu et un peu gros qui se déplace en camion bleu décline quant à lui toute responsabilité dans la décoration des platanes et dans la couleur de La Gazette. Cette azurophilie villadéenne est l'occasion de signaler au lecteur de La Gazette un excellent livre d'histoire : Bleu, l'histoire d'une couleur par Michel Pastoureau. On y apprend des milliers de choses et, déjà, qu'il y a une histoire des couleurs. Par exemple, il y a des époques ou des civilisations dans lesquelles le bleu n'existe pas ou presque. Ainsi, les mots pour désigner le bleu dans les mondes grec et romain sont à la fois peu nombreux et ne désignent pas spécifiquement cette couleur. « En grec [...] les deux mots pour désigner le bleu sont glaukos et kyaneos. Ce dernier [...] a un sens souvent imprécis. A l'époque homérique, il qualifie aussi bien le bleu clair des yeux que le noir des vêtements de deuil, mais jamais le bleu du ciel ou de la mer. [...] Quant à glaukos, il exprime tantôt le vert, tantôt le gris, tantôt le bleu, parfois même le jaune ou le brun ». Selon Michel Pastoureau, on retrouve la même chose chez les Romains, et en latin tous les mots pour désigner le bleu ont également plusieurs sens. Dans le même ordre d'idée, aucun des auteurs antiques, pourtant nombreux, qui se sont penchés sur les couleurs de l'arc-en-ciel, n'y voit du bleu. Cela peut nous étonner mais on doit en conclure que des choses aussi évidentes que les couleurs que l'on voit ne le sont pas tant que ça. Elles ne sont pas des faits naturels mais des constructions culturelles. S'il y a des amateurs de bleu à Villedieu, c'est le résultat d'une histoire européenne qui progressivement reconnaît le bleu comme une couleur à part entière, maléfique pendant longtemps, puis à partir du XVIIIe siècle une couleur positive. Aujourd'hui, le bleu est la couleur préférée des Européens ! Un de ces héritages culturels est dans le fait que les mots pour désigner le bleu en français sont d'origine germanique (blau) ou arabe (lasaward qui a donné azur). Si Jules César ou Caïus Petitbonus débarquait à Villedieu, il ne verrait donc ni les platanes, ni La Gazette, ni le camion souvent bien garé, ni les volets, voitures, pizzas et tablier de Daniel Roger. « Il n'y verrait que du bleu », étonnant non ? ![]() ![]() |
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Gazette N°36 - 8 mars 2006 J’ai lu... « Chroniques du ciel et de la vie » d’Hubert Reeves [ par Robert Gimeno dit « Bob » ]
Alors, s'il y en a parmi vous qui ne connaissent pas (encore) Hubert Reeves, qu'ils se dépêchent de combler cette lacune.
Le personnage mérite que l'on s'y intéresse pour deux raisons, d'abord parce que c'est un très grand scientifique astrophysicien de son état reconverti dans l'écologie et la protection de l'environnement. La deuxième raison, c'est qu'il sait s'exprimer dans un langage clair et compréhensible de tous. On peut aussi citer son physique de patriarche et son inimitable accent québécois qui le rendent pittoresque et attachant. Mais qu'on ne s'y trompe pas ! Hubert Reeves sait de quoi il parle. Dans ses chroniques du ciel et de la vie, livre paru début 2005 (diffusé aussi chaque samedi soir sur France Culture) l'homme s'attache à exprimer avec une grande honnêteté intellectuelle et sans démagogie (contrairement à d'autres prétendus écolos qui font de la peur leur fonds de commerce) les risques que l'activité humaine et l'hyperindustrialisation font peser sur notre planète : déforestation, extinction des espèces, effet de serre. La liste est longue, mais le livre se termine sur une note d'espoir et dans le dernier chapitre qui s'appelle : « En somme » Hubert Reeves dit ceci : « des lueurs d'espoir apparaissent quand nous considérons l'évolution de la sensibilité humaine. Un respect croissant de la vie favorise une prise de conscience de la crise actuelle et s'accompagne de gestes positifs. » Voilà donc pour celles et ceux que la vie de notre petite planète préoccupe mais qui ne veulent pas sombrer dans la catastrophisme ni se laisser séduire par des gourous ou des meneurs plus avides de profits que de protection de l'environnement. Lisez « Chroniques du ciel et de la vie ». ![]() ![]() |
![]() Hubert Reeves sait de quoi il parle... |
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Gazette N°37 - 1er avril 2006 J’ai lu... « Le problème avec Jane » de Catherine Cusset [ par par Valérie Guiserix ]
Jane, jeune femme new-yorkaise, universitaire, professeur de littérature française, spécialiste de Flaubert, évolue dans un milieu d’écrivains.
Un matin, un manuscrit non signé arrive chez elle. Jane se plonge dans cette histoire qui se révèle être la sienne, celle des dix dernières années de sa vie. Elle lit, commente, se perd et se retrouve. Tant de détails révélés, tant de précision sur son intimité, sur ses sentiments profonds. Quelle personne de son entourage la connaît assez ? Qui a pu si bien la deviner ? Jane devient spectatrice de sa propre vie. Nous, lecteurs, l’observons lisant son histoire. Seul l’auteur du manuscrit tient les ficelles... Ce labyrinthe nous en apprend beaucoup sur Jane et nous mène parfois jusqu’à nous. Catherine Cusset nous livre un roman simple et captivant qui nous parle de relations amoureuses, sociales et professionnelles et en dévoile les nœuds psychologiques. Comme l’héroïne, nous plongeons dans ce récit et ne le laissons qu’à la dernière ligne. "Le problème avec Jane" a été publié en 2002 par les éditions Gallimard, dans la collection folio. Le tableau de la jaquette est de Claire Brétecher. Catherine Cusset est une jeune Française vivant à New York. Elle est l’auteur de six romans. ![]() ![]() |
![]() Seul l’auteur du manuscrit tient les ficelles... |
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Gazette N°39 - 31 mai 2006 J’ai lu... « Ensemble, c’est tout » d'Anna Gavalda [ par Nicole Favergeon ] J’ai toujours aimé lire, mes premiers souvenirs se situent vers l’âge de 7 ans où, en sortant de l’école avec « Michou » Lazard, mon petit copain d’enfance, nous nous asseyions sous le porche devant la boucherie, « la maison Bonnet », pour lire les livres de mon frère Jacky. À ce moment-là nos parents n’étaient pas riches et nous n’avions pas d’argent pour acheter nos propres livres. Si mes souvenirs sont exacts nous lisions Kit le Shérif et Bleck le Roc.
![]() ![]() Aujourd’hui, mes filles Nadège et Mireille m’offrent toujours des livres à toutes les fêtes car elles savent que cela me fait beaucoup plus plaisir qu’un bijou ou n’importe quoi que ce soit. Ces derniers temps, un livre m’a beaucoup plu, « Ensemble, c’est tout » d’Anna Gavalda. C’est un roman plein de tendresse, d’amitié, d’amour, une histoire réelle qui peut arriver à tout le monde. Je ne connaissais pas cet auteur et j’ai vu qu’elle avait écrit quatre romans. Du coup je me les suis tous procurés. Quand je lis ce genre de roman, plus rien n’existe, je plonge dedans et tant que je ne l’ai pas fini, je suis capable de lire toute la nuit. Je peux me le permettre puisque je suis à la retraite. J’espère que cet auteur en écrira encore d’autres aussi émouvants que celui-là. J’ai rigolé à certains passages, pleuré à d’autres et rêvé souvent. Anna Gavalda, « Ensemble, c’est tout ». J’ai lu, 8 €. Disponible à la Société de Lecture de Villedieu. ![]() ![]() |
![]() J’ai rigolé à certains passages, pleuré à d’autres et rêvé souvent... |
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Gazette N°41 - 27 septembre 2006 J’ai lu... Autant en rapporte le vent d'Hélène Crié-Wiesner [ par Yves Tardieu ] L’histoire se passe en Bretagne. Le personnage principal est une femme célibataire de 40 ans qui a reccueilli un enfant de la DDASS. Elle est dessinatrice de BD et maire de son village.
Le maire de la petite ville voisine, personnage important sur le plan local et imbu de lui- même, impose un projet d’éoliennes sur un site mégalithique classé. Aux soucis habituels de tout maire, comme refaire les chiottes publiques, s’ajoutent donc la question des éoliennes. Les gens s’agitent, les pour ou les contre et aussi les élus. Ils cherchent à percevoir de la taxe professionnelle pour un projet qui les touche même si l’installation se fait chez le voisin. Jusque-là, rien qui ne justifie une publication en Série noire, il suffit de relire la collection complète de La Gazette. Il y a quand même des choses bizarres. Pourquoi le site choisi pour installer un nouveau type d’éoliennes est-il peu venté ? Pourquoi l’entreprise en question réserve-t-elle des sites dans toute la Bretagne et dépose-t-elle des permis de construire pour les éoliennes sans en installer aucune ? Pourquoi EDF fait-elle capoter un projet coopératif d’installation d’éoliennes mené par des agriculteurs locaux ? Pourquoi le principal opposant au projet change-t-il brusquement d’avis ? Sensible à la question de l’environnement et cherchant à comprendre, notre maire se trouve embringué dans une drôle d’histoire. Finalement pour lever le mystère, il lui faudra aller au Texas à l’occasion d’un voyage d’élus bretons, visiter les champs de pétrole mais aussi de gigantesques champs d’éoliennes, pour faire tourner court un projet qui n’était pas celui que l’on croyait. Hélène Crié-Wiesner, Autant en rapporte le vent, Série noire, Gallimard, 9 € ![]() ![]() |
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Gazette N°42 - 28 novembre 2006 J’ai lu... La dernière Odalisque de Fayçal Bey [ par Josette Avias ] La dernière Odalisque est un livre passionnant qui vous fait vivre une époque révolue de la vie d'une femme se prénommant Safiyé et qui n'est autre que la grand-mère du prince Fayçal Bey descendant de la monarchie tunisienne abolie par Bourguiba.
Ce récit débute en 1919 dans les montagnes du Caucase puis nous transporte dans les splendeurs des palais d'Istanbul pour finir après le déclin de l'empire Ottoman dans le palais du Bey de Carthage. C'est une fresque romanesque passionnante et émouvante, hymne d'amour d'un prince à son pays et d'un petit-fils à sa grand-mère. Fayçal Bey - La dernière Odalisque - Éditions Stock. ![]() ![]() |
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Gazette N°43 - 31 décembre 2006 J’ai lu... Terre Farouche de Patrice Franceschi [ par Colette Percheron ] Avec les indiens « Macuje » d'Amazonie, c’est l’histoire des « seringueros » récolteurs de caoutchouc que les indiens « Maïnas » appelaient le bois qui pleure. : « cahuchu ».
CA : bois et UCHU : couler ou pleurer. Entaillée, l'écorce de cet arbre laisse couler un liquide laiteux qui se solidifiant à l'air, prend une teinte brunâtre. En 1492-1493, Christophe Colomb aurait eu connaissance, lors de son second voyage aux Amériques, d'un étrange jeu pratiqué par les indigènes d'Haïti. On y faisait usage de curieuses boules élastiques, raconte Antonio de Herrera Tordesillo, historiographe des conquistadores. Cette matière aux propriétés particulières, était depuis fort longtemps connue des Mayas, comme l'attestent de nombreuses fouilles. Christophe Colomb fut un des premiers Européens à faire connaissance avec le caoutchouc. Il fallut cependant plus d'un siècle pour que l'on constate les services que pouvait rendre ce matériau. Dans un ouvrage intitulé : de la monarquia indigèna, Juan de Torquemada explique comment les indigènes du Mexique parvenaient, grâce à cette substance, à imperméabiliser leurs vêtements. Missionné en Equateur pour l'académie des sciences, Charles de la Condamine, un Français, envoya de Quito quelques morceaux de résine appelée « hevé ». Celui-ci écrit dans son mémoire destiné à l'académie : « on en fait des bottes, des boules creuses qui s'aplatissent quand on les presse et qui dès qu'elles ne sont plus serrées, reprennent leur première figure. » En 1745, ce n'était encore qu'une curiosité de laboratoire. Il fallut attendre l'Irlandais « Mac Intosch » pour les premières applications pratiques : l'imperméabilisation des tissus réalisée en 1823, cela sentait mauvais sous les pluies. Good Year, un Américain, fit perdre au caoutchouc cet inconvénient par la vulcanisation, procédé de traitement par le soufre. Ainsi traîté, le matériau devint souple et résistant aux variations des températures. En 1888, l'Irlandais Dunlop inventa le premier pneumatique à valve. La voiture entrait dans la danse et c'est ainsi que commença « l'or vert » amazonien. Il existe plusieurs variétés de plantes à latex. Seul l'hévéa américain semble réellement intéressant. Le besoin de cette matière devint tellement important que vers la fin du XIXe siècle, il y eut un rush sur l'Amazonie d'où la naissance des « seringueros ». Vers 1910, le Brésil fournissait plus de la moitié de la production mondiale. C’est ainsi que Manaus (paradis fiscal) vit le jour. On y construisit des maisons à étages, de grandes artères, un opéra avec mosaïque et marbre d'Italie. Cette cité fut nommée « Princesse de la jungle ». Mais vite on déchanta, un Anglais nommé Wickam réussit en tant que planteur à rapporter en Angleterre 70 000 graines des bords du Tapajoz. Il les fit germer et en 1909 les plants rescapés de cette aventure parvenaient à Java, Ceylan et Singapour ! Il fallut quelques décennies pour que les plantations britanniques prennent leur essor. A cette époque, les cours commençaient à fléchir devant les 8 000 tonnes de latex asiatique jetées sur le marché. Le réveil fut brutal et le Brésil ne fournissait que 37 000 tonnes au lieu de 71 000 venant d’Asie du Sud. En 1914, le marché échappa à l'Amazonie et Manaus fut désertée. Les « seringueros » ne disparurent pas tout à fait. Dans les années 30, Henry Ford, édifia une immense plantation sur le Tapajoz mais hélas, l'aventure n'eut qu'un temps et de nos jours, ces Indiens récolteurs continuent d'exister dans la misère et dans l'effort. Malgré tout, on voit le latex passer de mains en mains des pauvres « seringueros » aux riches marchands. ![]() ![]() |
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Gazette N°45 - 12 avril 2007 J’ai lu... Pars vite et reviens tard [ par Olivier Sac ] « S'il y a un produit qui ne tarit pas sur cette terre, c'est les nouvelles, et s'il y a une soif qui ne s'étanche jamais, c'est la curiosité des Hommes. Quand t'es crieur, tu donnes la tétée à toute l'humanité. T'es assuré de ne jamais manquer de lait et de ne jamais manquer de bouches. Dis donc fiston, si tu picoles tant que ça, tu pourras jamais faire crieur. C'est un métier qui demande des idées claires.
- Je veux pas t'attrister, l'aïeul, dit Joss en secouant la tête, mais « crieur », c'est plus un métier qui se pratique. Tu trouveras même personne pour piger le mot. « Cordonnier », oui, mais « crieur », ça n'existe même pas au dictionnaire. Je ne sais pas si tu continues à te tenir informé depuis que t'es mort, mais ça a pas mal bougé par ici. Personne n'a besoin qu'on lui gueule dans les oreilles sur la place de l'église, vu que tout le monde a le journal, la radio et la télé. Et si tu te branches sur le réseau à Loctudy, tu sais si quelqu'un a pissé à Bombay. Alors imagine. […] » Pars vite et reviens tard Fred Vargas - Editions Viviane Hamy Collection Chemins Nocturnes - 351 pages - 15 € ![]() ![]() |
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Gazette N°47 - 16 juillet 2007 J’ai lu... Le journal d’Anne Frank [ par Bernadette Croon ] Journal intime d'une jeune fille juive pendant la deuxième guerre mondiale.
La famille Frank s'était enfuie d'Allemagne dès les premières persécutions nazies en 1933 pour s'installer aux Pays-Bas, pays neutre à cette époque. Jusqu'en juillet 1942, les parents d'Anne ont tenu un commerce à Amsterdam. C'est dans l'annexe du magasin que la famille s'est cachée et a survécu grâce à l'aide d'amis. Anne décrit sa vie, nous fait part de ses projets. C'est le témoignage d'une époque noire. Enfermés à huit dans un endroit réduit, sans sortir, sans faire de bruit, Anne et ses parents sont débusqués par la gestapo qui les déporte à Auschwitz et Bergen Belsen. J'ai lu et relu ce livre, le seul que j'ai obligé mes enfants à lire. Je leur ai fait visiter « Het Achterhuis », l’annexe, et me suis rendue à Bergen Belsen où Anne et sa sœur Margot sont mortes peu avant que le camp ne soit libéré. Il n'en reste plus rien. Les alliés y ont mit le feu du fait d'un danger sanitaire trop important. On ne voit que des monticules, témoins du nombre de morts enfouis là. Le père d'Anne, Otto Frank, a édité le journal intime de sa fille après son retour d'Auschwitz. C'est un livre pour tout âge, émouvant, bien écrit et surtout Anne nous force à réfléchir. ![]() ![]() |
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Gazette N°49 - 25 septembre 2007 J’ai lu... Tous les personnages sont vrais [ par Colette Percheron ] Ecrivain, historien, journaliste, académicien, ministre, dramaturge, impossible d'énumérer toutes les fonctions qu'exerce ou a exercées Alain Decaux. Il a fait aimer l’histoire à de nombreux Français grâce à ses livres, plus de 40, et à ses célèbres émissions de radio. Avec André Castellot et Jean-Claude Colin-Simard (auquel a succédé Jean-François Chiappe), il fonde la Tribune de l'histoire qui a duré 46 ans. À la télévision, Alain Decaux raconte captive un large public pendant 20 ans. La passion qui l'anime est doublée d'un incomparable talent de conteur. Il met son art de l'écrit au service de la scène, notamment pour les spectacles créés avec Robert Hossein, tel Ben Hur, au stade de France en 2006.
Il a décidé de publier ses mémoires et de tout dévoiler de sa vie secrète. Cet humaniste, ce conteur-né qui a si bien su populariser l'histoire et nous a tenus en haleine en nous racontant tant de pages du passé, se penche à présent sur sa propre histoire. Il égrène ses souvenirs tendres, drôles ou poignants : instantanés de sa vie de famille, bonheurs, enthousiasme et défis d'une carrière aux multiples facettes. Il a côtoyé le metteur en scène Marcel L'Herbier, le comédien Alain Cuny, les sœurs Etienne, le professeur Henri Mondor. Il a fréquenté Hélène Carrère d'Encausse, célèbre égyptologue, historienne, secrétaire perpétuelle de l'Académie française. Président d‘honneur de la Société des amis d’Alexandre Dumas, il s’est investi dans le projet de transfert des cendres de l‘écrivain au Panthéon. À ce titre il a prononcé, lors de la cérémonie du 30 novembre 2002, le discours commençant par ces mots : « Enfin te voilà, Alexandre ! » Une fois de plus, la plume d'Alain Decaux m'a enchantée. ![]() ![]() |
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Gazette N°50 - 20 novembre 2007 J’ai lu... Labyrinthe [ par Bernadette Croon ] Avec Labyrinthe, Kate Mosse raconte l’histoire de deux femmes, trois livres et un secret.
Une femme vit au XIIIe siècle, l’autre au XXIe. L’histoire se passe aux alentours de Carcassonne. Elle m’a fait vivre le temps des croisades, les cathares au Moyen-Âge et une étrange poursuite due à une découverte archéologique récente. Les trois livres qui viennent de Palestine, sont pleins de symboles et renferment le secret du Graal. Voilà un ouvrage fascinant, facile à lire, même s’il compte 800 pages. Kate Mosse – Labyrinthe – Éditions Jean-Claude Lattès. ![]() ![]() |
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Gazette N°51 - 25 décembre 2007 J’ai lu... Le dernier templier [ par Josette Avias ] C’est un livre qui m’a tenue en haleine du commencement à la fin.
L’histoire débute lors d’une grande soirée de vernissage à New York au Metropolitan Museum où sont présentés les fabuleux trésors du Vatican. Soudain, parmi les robes longues et les smokings, quatre cavaliers, en costume de Templier, sèment l’apocalypse. En quelques minutes l’exposition vire au carnage. Parmi la foule présente, une jeune et brillante archélogue, prénommée Tess, assiste au pillage et pense que ces cavaliers ne sont pas de simples criminels mais ont un lien avec la véritable histoire des Templiers. Avec l’aide d’un agent du FBI, Sean Reilly, ils vont ensemble enquêter sur le mystère des Templiers. Ces moines-soldats ne détenaient-ils pas un secret qui, dévoilé, aurait pu faire chuter le Vatican, l’église et la chétienté tout entière ? C’est un roman au souffle rare où le mystique rejoint le mystérieux. Édité aux Presses de la Cité ![]() ![]() |
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Gazette N°52 - 15 février 2008 J’ai lu... Vacances en Provence [ par Majo Raffin ] J’ai lu, ou plutôt, je relis, je déguste, je sirote la bande dessinée de Jean Marcellin « Vacances en Provence ».
Cette B. D. est un trésor de découvertes burlesques, cocasses, heureuses. Chaque page doit, tout d’abord, être photographiée globalement, les dessins, les couleurs, tout est plaisir. Je pars ensuite à la découverte des personnages truculents et drolatiques, du gag tapi dans un coin, de l’affiche pleine d’humour, des moyens de locomotion loufoques. Que dire des signatures fantasques qui s’étalent en pages de couvertures intérieures… Ma plus grande joie est de rencontrer soudain, au détour d’un dessin, une personne que l’on croise ou que l’on a croisée dans les rues de Vaison : Jean Boucher, le boulanger Fourteau… de retrouver des paysages familiers. Amusez-vous en découvrant le monde farfelu de Jean Marcellin ! Cherchez la gaudriole et puis riez ! riez ! ![]() ![]() |
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Gazette N°53 - 8 avril 2008 J’ai lu... « Shangai skipper » [ par Brigitte Rochas ] Le froid de ces premiers jours de mars m'a donné l'occasion de rester près de la cheminée et de découvrir « Shangai skipper », réédition d’un livre de Tito Topin, Villadéen bien connu.
Un homme sans scrupule, patron d'une petite entreprise où se côtoient ouvriers, secrétaire, gardien, est sur le point de partir avec la caisse. Un groupe de paumés, Betty, Pogna, Jean-Baptiste et d'autres, ont décidé de cambrioler l'entreprise. Chacun poursuit son rêve, à plus ou moins long terme, mais les circonstances vont changer la donne. Qui, de la légitime, de la secrétaire, de l'ami, du gardien toujours prêt à reprendre la mer, du patron ou des paumés, s'en sortira ? Tito publie dans le même temps, chez Fayard Noir, son nouveau roman « Cool, Bentch ! » ![]() ![]() |
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Gazette N°54 - 2 juin 2008 J’ai lu... Chronique du règne de Nicolas 1er [ par Claude Bériot ] Patrick Rambaud fait la chronique des premiers mois de règne de notre nouveau souverain et de sa cour.
Un récit écrit dans le français que pratiquaient les aristocrates du XVIIIe (non, pas du 18e arrondissement de Paris, que Notre Souverain ne pourrait ouïr, mais du 18e siècle). Chronique où l'on retrouve les personnages de cette cour, leurs noms enrichis de titres glorieux, aux actions qui le sont moins, l'ensemble sur un ton moqueur et fort amusant, un récit à la fois attristant et jubilatoire. Je viens de refermer ce livre toute au regret que son récit ne se prolongeât point. Patrick Rambaud, Chronique du règne de Nicolas 1er, aux éditions Grasset, 13 € 50. ![]() ![]() |
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Gazette N°55 - 12 juillet 2008 J’ai lu [ par Pauline Brunel ] Je m'appelle Pauline. J'ai huit ans et demi. Je suis en cours élémentaire deuxième année.
Je vais vous présenter un livre de Marie Desplechin qui s'appelle Verte. C'est l'histoire de Verte, une fille de dix ans. Sa mère est une sorcière et elle voudrait bien que Verte aussi soit une sorcière. Mais comme elles se disputent souvent et ne sont jamais d'accord c'est sa grand-mère Anastabotte qui va lui apprendre les tours de magie. Dans cette histoire il y a aussi le papa disparu et Soufi, son amoureux, et plein d'aventures à lire ! J'ai bien aimé ce livre parce que les tours de magie sont bizarres et souvent très drôles. Le livre est un peu long, mais il est facile à lire. Je le conseille à tous ceux qui aiment les histoires drôles et qui finissent bien. ![]() ![]() |
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Gazette N°56 - 15 septembre 2008 J’ai lu « Brassens passionnément » [ par Mireille Dieu ] Au fur et à mesure que l’on tourne les pages, on est stupéfait et admiratif devant la passion de l’auteur vouée à l’artiste.
Ce livre, d’environ cinq cents pages, raconte la vie de Georges Brassens par des témoignages et des récits tout aussi insolites les uns que les autres. L’auteur Georges Boulard, afin de nous faire partager son amour immodéré, a cherché à retrouver et à rencontrer les amis du poête disparu qui sont devenus maintenant les siens. De ces rencontres, sont nés des discussions intenses et de grands échanges qui, dans ce livre, nous rapportent les moments d’amitié et le parcours artistique du compositeur. Ainsi que le cite Yves Mathieu, du Lapin Agile, (célèbre cabaret parisien), Georges Boulard a une telle passion pour Georges Brassens que cela lui donne le droit de lui ressembler. ![]() ![]() |
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Gazette N°57 - 17 novembre 2008 J’ai lu : Sépulcre de Kate Mosse [ par Bernadette Croon ] Kate Mosse reste fidèle à son livre précédent Labyrinthe.
L’histoire se passe entre Paris et Carcassonne. Nous suivons son déroulement en 1881 et dans le présent. L’héroïne fait des recherches sur la vie du compositeur de musique Claude Debussy qui a pu séjourner quelques temps à Carcassonne. À la suite d’une visite chez une voyante qui lui offre un jeu de tarot, elle découvre une intrigue concernant la vie d’un couple au cours de l’année 1881. Elle s’y intéresse et recherche des éléments le concernant. L’original des cartes de tarot datant de cette époque détient une grande valeur et un pouvoir inestimé. Le patron de l’auberge où elle séjourne s’y intéresse fortement... Un livre facile à lire et captivant. ![]() ![]() |
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Gazette N°59 - 28 février 2009 J’ai lu... Conquérant de l'impossible [ par Bernadette Croon ] L’auteur, Mike Horn, est un aventurier de l'extrème. Il nous raconte son défit : parcourir le cercle polaire.
Il nous fait part de ses rencontres avec des ours polaires, de sa solitude, de ses déceptions et de sa lutte contre le froid. Il est parti avec sa luge, tirée par des chiens, dans laquelle il a déposé sa tente, ses vêtements isolants et de quoi manger. Bien qu'il soit ravitaillé en certains endroits à dates précises, parfois il n'arrivait pas a temps. Il a vécu beaucoup de déceptions, de contretemps, mais aussi d'amitiés avec des gens vivant dans un coin de terre hostile et qui, peut être parce qu'ils survivent dans des conditions rudes, sont prêts à aider et accueillir, réchauffer et soigner un être dans le besoin. Il nous fait part de son aventure extraordinaire. Bref, un livre passionnant. Je remercie la personne qui me l'offert et je vous engage tous à le découvrir. Conquérant de l’impossible, par Mike Horn aux éditions Xo. ![]() ![]() |
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Gazette N°61 - 28 juin 2009 J’ai lu... Aux pieds des femmes : érotique du pied et de la chaussure [ par Robert Gimeno ] En ces temps de crise financière qui risque de s'accompagner d'une croissance négative comme le dit si bien notre ministre de l'économie, je propose à tous ceux qui veulent fuir ce catastrophisme ambiant la lecture de ce livre réjouissant.
L'auteur Jean-Marc Fombonne a passé de nombreuses années à chercher chez les grands auteurs (Balzac, Flaubert, Hugo) ou d'autres moins connus, tout ce qui pouvait évoquer le fétichisme du pied et de la chaussure chez la femme. Et c'est un vrai régal ! C'est souvent drôle, parfois très chaud, mais jamais vulgaire. Voici juste un court extrait : « Loin d'ici, bandelettes légères, insignes de la pudeur, et vous robes trainantes qui cachez à moitié les pieds de nos matrones ! Je chante des plaisirs sans danger et des larcins permis » (Ovide, L'Art d'aimer). Alors si vous n'êtes pas trop pudibonds et que vous aimez l'érudition et la légèreté, lisez vite ce livre. Aux pieds des femmes de Jean-Marc Fombonne. Éditions Payot. ![]() ![]() |
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Gazette N°62 - 15 octobre 2009 J’ai lu...En route avec Itak et Ulysse [ par Claude Bériot ] Kid’s voyage est un guide pour toute la famille à commencer par les enfants. Ils y découvriront avec amusement toutes les richesses qui existent en France.
Les premiers livres publiés couvraient Paris, la Bretagne et la Provence. Ceux concernant la Normandie et le Mont Saint-Michel, le Val de Loire et les châteaux, l’Alsace et Strasbourg, sont désormais disponibles. Ces guides de voyages ont été réalisés avec des spécialistes de l’éducation. Ils sont instructifs et un grand nombre de photos illustrent des sites superbes, des richesses du patrimoine, des villages propres à chaque région. Ils présentent tout un ensemble d’activités ludiques et pédagogiques qui accompagneront les jeunes voyageurs dans leurs balades en France. Chaque livre comporte trois parties : avant de partir qui permet de préparer son voyage, la vie au quotidien qui touche aux rencontres avec les habitants et leurs traditions, puis embarquement immédiat avec Itak et Ulysse, les deux personnages qui conduiront les voyageurs tout au long de leur séjour. Des passages du texte sont sur fond de couleur pour souligner des précisions ou des particularités. Ces guides sont très bien conçus et agréables à consulter avec des compagnons de voyage fort sympathiques et bien informés. Ils constituent aussi un terrain d’échange entre petits et grands. Itak éditions : www.kidsvoyage.fr 9,95 € le volume. |
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Parfois je me sens comme un enfant sans mère [ par Tito Topin ]
- C’est quoi, ça ?
– Mon dernier bouquin. Il sort en librairie à partir du 13 mai. – De cette année ? » – Imbécile, je fais en haussant les épaules. – Qu'est-ce que c'est que ce titre à la con ? qu'il me fait Albert avec sa voix haut perchée (je ne vous présente pas Albert, vous ne le connaissez que trop), Un titre, ça doit être court, percutant, comme par exemple : Clash ! Stop ! Hulk ! – Tu confonds titre et onomatopée. », je réponds sans me mettre en colère depuis le temps que j'ai l'habitude de me farcir cet abruti. – Mais tu as raison, surtout qu'un enfant sans mère, ce n'est rien d'autre qu'un orphelin. Je pourrais faire : Parfois je me sens comme un « orphelin », par exemple. Oui, c'est pas mal. – Encore trop long, me dit Richard (si vous ne connaissez pas Richard, dites-vous bien que ce n'est pas grave, on peut s'en passer). Ça veut dire quoi, parfois ? – C'est vrai qu'un orphelin ne peut pas être « parfois » un orphelin, il est toujours un orphelin. Je peux le supprimer. « Je me sens comme un orphelin », qu'est-ce que vous en dites ? – Hummmm, fait Albert en mordant dans un croissant tellement rassis qu'il a l'air d'avoir connu Moïse. – Je me sens comme, ça sonne mal. – Je me sens orphelin. Vous avez raison, c'est mieux. – Pourquoi, je me sens ? dit Richard en se grattant la cuisse. Est-ce qu'on se sent soi-même ? Orphelin, ça suffirait. – Voilà un bon titre, renchérit Albert. « ORPHELIN ! » – Oui, seulement, le héros du livre n'est pas orphelin, vous comprenez ? C'est juste qu'il se sent comme un orphelin, mais il ne l'est pas. – Il est quoi ? – C'est un mec, vous voyez, qui est acculé, menacé d'extinction, mais qui se défend comme un tigre. – Ouais ! Phélin ! Supprime « or ! », s'écrie Albert. – Ça, c'est un titre ! Félin ! – Ouais, personnellement, je trouve pas… Et puis, ça résume pas le bouquin. – On s'en fout. – Ouais, on s'en tape. C'est quand qu'il sort en librairie, tu m'as dit ? – Le 13 mai. – De cette année ? Je vous ai prévenus, ils sont infréquentables. ![]() ![]() |
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Gazette N°63 - 23 janvier 2010 J’ai lu : « Un cœur fier » [ par Claudine Kermann ] Ce roman de Pearl Buck raconte l’histoire de Susan, une jeune femme qui a du mal à concilier ses priorités dans sa vie.
Elle veut être à la fois femme, mère, épouse et « elle-même ». Pour elle, cela signifie être sculpteur. Enfant, elle sculpte sur argile avec son père qui sculpte le bois. Elle se marie, a deux enfants. Elle perd son mari s’oriente vers la sculpture du marbre, se remarie. Elle se sépare de son conjoint quelques années après qu’il l’eût trompée. Dès ce moment, elle travaille son art à plein temps, et fini comme artiste connue et reconnue qui expose. La sculpture l’a emporté. ![]() ![]() |
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Gazette N°64 - 8 avril 2010 J’ai lu : Le cadeau du froid [ par Bernadette Croon ] Un récit sur la tribu « Arhabaskane », en Alaska, qui vivait de la chasse et devait migrer pour suivre le gibier, selon les saisons.
Prise par la famine, la tribu doit se déplacer, laissant, derrière elle, deux faibles femmes âgées. Ces femmes, d’abord désespérées, retrouvent petit à petit les réflexes de la chasse, l’obligation de prévoir du bois pour se chauffer, la nécessité de confectionner des vêtements. Bref, elles organisent une vie active dont elles avaient perdu l'habitude. Ces deux femmes s’associent pour survivre et s'activent pour remplir leur garde-manger. Elles prennent conscience qu'elles avaient profité de leur âge pour ne plus rien faire, mais aujourd’hui, elles ont bien l’intention de défendre le fruit de leurs efforts quand la tribu reviendra. À quelle sauce seront-elles mangées ? Le cadeau du froid de Velma Wallis. Éditions J.C. Lattès. ![]() ![]() |
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Gazette N°65 - 18 juin 2010 J’ai lu : Tirez sur le caviste [ par André Dieu, Caviste ] Pour côtoyer le caviste d’un domaine vinicole en Bourgogne et en raison de ses exigences culinaires, il vaut mieux être un fameux cordon bleu si l’on ne veut pas finir au fond d’une cuve...
Ça commence comme ça : « Le céleri rémoulade était dégueulasse, et ma femme vraiment trop mauvaise cuisinière, je n’en pouvais plus, j’ai tiré ». Tirez sur le caviste est un habile polar gastronomique saupoudré d’un zeste d’humour noir et d’une pointe d’ironie, avec une surprise à la fin. Tirez sur le caviste de Chantal Pelletier, Éditions La Branche. Ce livre a été adapté pour la télé par Emmanuelle Bercot avec Julie-Marie Parmentier et Niels Arestrup (diffusé en juillet 2009). ![]() ![]() |
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Gazette N°66 - 14 juillet 2010 J’ai lu : Le club des incorrigibles optimistes [ par Françoise Tercerie ] Dans l’année 59, en pleine guerre d'Algérie, c'est la rencontre de Michel, un adolescent rebelle, qui préfère la photographie et le baby-foot à la préparation de son baccalauréat. Il traine après les cours au Balto où il découvre l'arrière-salle, lieu de rencontre d'exilés juifs russes qui passent leur après-midi à jouer aux échecs. Il y rencontre Ygor, Léonid, Sacha et d'autres ainsi que Kessel et Sartre qui les rejoignent de temps en temps.
Ces hommes avaient passé le rideau de fer pour sauver leur peau. Ils avaient abandonné leurs amours, leur famille, trahi leurs idéaux et s'étaient retrouvés dans ce club d'échec. Un terrible secret les liait que Michel découvrira à la fin. Cette rencontre bouleversera la vie de Michel, car ils étaient d'incorrigibles optimistes. Un superbe roman qui est une reconstitution minutieuse d'une époque. Jean-Michel Guenassia, Le club des incorrigibles optimistes, Albin Michel, prix Goncourt des lycéens 2009. ![]() ![]() |
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Gazette N°67 - 15 octobre 2010 J’ai lu : La chasse de décembre [ par Bernadette Croon ] Jean est un vieux garçon, il habite chez ses parents et prend la suite, à contre cœur,de l'entreprise familiale. Quand ses parents décèdent, Jean vend l'entreprise et s'installe « aux sabliers », une ancienne usine au milieu d'une forêt magnifique.
Il fait la connaissance de Valentine et son fils Edouard à qui il transmettra son amour de la nature. Il vivra le drame de la séparation lorsque Valentine s'en ira avec Edouard.Après une période de solitude, seul dans son domaine, il reprendra espoir avec le retour d'Edouard. Un récit plein de tendresse, d'amour et d'imprévus. ![]() ![]() |
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Gazette N°68 - 10 décembre 2010 J’ai lu : Les enfants de Noël [ par Brigitte Rochas ] Avec l'arrivée de l'hiver, Noël se rapproche.
Depuis plusieurs années le Père Noël est inquiet : pourquoi les hommes sont-ils toujours en train de faire la guerre ? Que faire pour les réconcilier ? Dans l'entourage du vieil homme, chacun donne son avis ; après une longue réflexion une solution paraît possible (mais sera-t-elle la bonne ?), le Père Noël et son équipe kidnappent tous les enfants quelque soit leur origine, puis les redistribuent au hasard. La paix entre les hommes reviendra-t-elle ? Les enfants de Noël de Kochka et Quentin Gréban. Éditions Lito. ![]() ![]() |
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Gazette N°69 - 15 mars 2011 J’ai lu... Simone Veil : Une vie [ par Brigitte Rochas ] Née en 1927 à Paris dans une famille d'origine juive patriote et laïque, Simone Jacob a eu une enfance heureuse avec ses sœurs et son frère.
Dès le début de la guerre, la famille Jacob a préféré s'installer là où le père, architecte, avait déjà travaillé. C'est à ce moment que le destin de la jeune fille a basculé puisque, arrêtée avec sa mère et l’une de ses sœurs, elle est emmenée au camp d'Auschwitz. De cette terrible expérience, Simone Jacob est revenue déterminée à défendre, sur tous les fronts, les valeurs qui lui sont chères. Ce destin hors du commun a fait d'elle la femme politique dont la légitimité est la moins contestée en France et à l'étranger. Simone Veil — Une vie — Le livre de poche. ![]() ![]() |
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Gazette N°70 - 1er juin 2011 J'ai lu « Purge » [ par Annette Le Tacon ] Dans la campagne estonienne, la
vieille Aliide craint les voleurs et
autres fauteurs de troubles.
Donc elle se méfie de l’inconnue, Zora, prostrée dans son jardin. Elle recueille la jeune femme en piteux état et c’est ainsi qu’elles se racontent leur douloureux parcours, jonché de lourds secrets à porter et de trahisons à peine avouables. Ce roman a reçu le prix Fémina étranger, il est en rayon à la bibliothèque Mauric. ![]() ![]() |
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Gazette N°71 - 29 juillet 2011 J’ai lu... L’hiver de la culture [ par Jean-Jacques Sibourg ] Versailles, mai 2011 : après Jeff Koons et Takashi Murakami, le château de Versailles accueille Bernar Venet. Celui-ci « investit » (il faut dire ainsi désormais) non plus la galerie des Glaces comme ses prédécesseurs, mais l’esplanade et les jardins. Ces ferrailles (osons les appeler par leur nom, même s‘il s‘agit d‘acier Corten XC10, précision capitale !) font jusqu’à 160 tonnes pour 22 mètres de haut, et, dit Bernar Venet (oui, « Bernar », l‘absence de « d » semble essentielle à l‘originalité de l‘artiste), « s’intègrent parfaitement dans la perspective du château ». Les voyant le même jour à côté des « grandes eaux musicales », ma perplexité est grande.
On peut donc ne pas être tout à fait d’accord avec cette auto encensement et être conforté dans ce mauvais esprit par la lecture du livre fraîchement édité et cité en titre. C’est une critique assassine de l’art contemporain par Jean Clair, fin connaisseur, conservateur des musées de France, ancien directeur du musée Picasso de Paris, académicien depuis 2008. Ce pamphlet ne concerne cependant que la peinture et la sculpture ; l’auteur apprécie beaucoup la danse contemporaine et, s’il parle peu de musique, il précise que, comme la danse, celle-ci demande un « métier ». Or, la peinture et la sculpture contemporaines doivent s'en passer, car « il n'y a plus de maître » et donc « une école des beaux-arts n'a plus rien à transmettre ». Convient-il encore de parler « d’art contemporain », tant à ses yeux « l’imposture est grande » ? Jean Clair recoupe largement les opinions de Marc Fumaroli (Paris–New-York et retour) et de Philippe Muray (Après l’Histoire et Homo festivus), tout aussi sceptiques sur l’évolution artistique de ces dernières décennies. On a un peu de mal à situer une date approximative après laquelle les artistes et leurs œuvres ne trouvent plus grâce à ses yeux. Il rappelle que les premières provocations remontent à 1913 avec Marcel Duchamp et ses ready-mades, dont le plus célèbre sera l‘urinoir de 1917. Mais si Duchamp considérait ces oeuvres comme des plaisanteries, il n’en fut pas de même pour ses lointains suiveurs qui se prirent au sérieux. Jean Clair ne fait pas remonter si loin sa détestation : il fut lui-même un ferme soutien de Daniel Buren, le créateur des colonnes controversées du Palais Royal, par exemple. Mais, dans le genre provocateur, Jean Clair lui-même n’y va pas de main morte : il insiste sur « la laideur architecturale » des musées, il s’apitoie sur les foules innombrables qu’un « conformisme paresseux » pousse à aller voir les expos du moment dans ces « maisons d‘abattage » qui les abritent. Plus subtil, ce constat : un très grand nombre d’œuvres ont été sorties de leur contexte, et de ce fait ne veulent « plus rien dire », en particulier tout l’art religieux qui n’aurait pas dû quitter son église ou son couvent où « il racontait quelque chose » à des fidèles pour la plupart illettrés. Mais alors, la solution, elle, est radicale, « fermons les musées » ! Son propos est plus agressif encore, si c'est possible, quant à la qualité des œuvres contemporaines et à leur genèse : ainsi, nos déchetteries étant saturées, à nos musées d'en profiter ! Alors se constituent ces installations de déchets divers, nos ordures comprises, dans les musées. Et « toutes » les sécrétions, humaines ou animales (dont on évitera l’énumération), ont fait l’objet d’expositions. Par exemple, il y a plus de cinquante ans déjà un artiste exposait à la F.I.A.C. (la plus grande exposition internationale d’art contemporain en France) un bocal rempli d‘un liquide jaunâtre, sobrement titré « Mes urines ». Les boîtes de « Merda d’artista » que proposait un autre confirmaient cet engouement très tendance du contemporain pour ce qui vient du corps humain. La mécanique de ce marché est rapidement démontée : une galerie financera une exposition dans un lieu « public » prestigieux comme par exemple le Louvre, le Grand Palais ou Versailles, et avec son soutien, c’est-à-dire, in fine celui du contribuable ; puis, le prestige du lieu déteignant sur les œuvres, la cote explose (si tout se passe bien), et le trader, non, pardon, le collectionneur-galeriste rafle la mise au plus vite, car ce type de marché, comme en bourse, peut se retourner brutalement « et le dernier perd tout ». La liste (pour la France au moins) des plasticiens dans son collimateur n’est pas bien longue ; ainsi Jan Fabre, Boltansky, Richard Serra, Anselm Kiefer, Serrano (dont le Piss-Christ défraya récemment la chronique), et Jeff Koons, Bernar Venet, déjà cités : en effet, les acheteurs (spéculateurs) eux-mêmes ne sont qu’une poignée, et il ne faut pas, surtout pas, disperser leur attention. Ce pamphlet très érudit, dans une belle langue, est sévère, toujours, excessif, à l‘évidence, drôle souvent, mais malheureusement ne propose aucune solution raisonnable. Le tout est sensiblement « réac » et franchement « décliniste », mais tellement jouissif dans sa férocité à l‘encontre des fausses idoles et des enthousiasmes moutonniers qui les glorifient qu‘il est rafraîchissant à lire. L’Hiver de la culture Jean Clair Café Voltaire Flammarion — 2011 ![]() ![]() |
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Gazette N°72 - 29 septembre 2011 J’ai lu... Le Chemin des âmes [ par Véronique Le Lous ] Niska va à la gare chercher Elijah de retour de la guerre 14-18, l'ami de son neveu Xavier décédé dans ce conflit. Mais contrairement à toute attente, c'est Xavier qui descend du train.
Durant le trajet du retour, en canoë, chacun revit son histoire. Xavier, blessé, anéanti, revit les tranchées, l'horreur de la guerre et se rappelle son ami Elijah avec qui il s'est engagé dans l'armée canadienne. Niska, sa tante, pagaie et lui raconte leur histoire familiale pour tenter de le maintenir en vie. Arrivera-t-elle à le sauver ? Xavier retrouvera-t-il son âme ? Ce roman, écrit à la première personne, nous fait vivre les tranchées des Flandres, avec ces soldats et les difficultés de survie. Il nous plonge aussi dans les coutumes Cree, leurs chasses, leurs vies dans les bois et leurs traditions… Ce livre est bouleversant d'authenticité, d'émotions, bref il passionne du début jusqu'à la fin. ![]() ![]() |
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Gazette N°73 - 16 décembre 2011 J’ai lu... « Shanghai club » de Jacques Baudouin [ par Michèle Mison ] Charles Esparnac, fils d'une famille du sud-ouest de la France, s'est établi dans la Chine lointaine afin d'y faire fortune dans le commerce de la soie, du thé et de la porcelaine.
Il s'installe à Shanghai, dans la concession française et persuade Joseph Liu de lui faire confiance. Il achète une jonque et avec son équipage il remonte le Yangzi en espérant ne pas tomber sur des pirates. Très vite, Charles accumule les succès et se retrouve à la tête d'un petit empire. Pour asseoir sa position, il lui faut prendre femme et fonder une famille. Il demande alors à sa mère de choisir pour lui une jeune femme française et c'est ainsi qu'Olympe de Crozes débarque à Shanghai, après des semaines de voyage, sans rien connaître de son futur époux ni de ce pays lointain et mystérieux. Tout semble réussir à ce Français entreprenant, mais le passé caché de Charles va le rattraper. Ce livre d'aventure et d'amour transporte le lecteur à l'autre bout du monde à la fin du XIXe siècle. Les descriptions, les odeurs et les bruits de cette cité asiatique nous plongent dans un dépaysement total. Ce livre est à découvrir sans tarder à la bibliothèque Mauric où il vous est proposé dans sa version large vision. Shanghai club, Jacques Baudoin, Éd. V.D.B. ![]() ![]() |
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Gazette N°74 - 22 février 2012 J’ai lu... La peur des barbares [ par Robert Gimeno ] D'abord quelques mots sur l'auteur : Tzvetan Todorov est né à Sofia en Bulgarie en 1939. Il est Français depuis 1973. C'est un écrivain, philosophe, historien et linguiste. Celles et ceux qui veulent en savoir plus peuvent aller voir sur Wikipédia, ils y trouveront une biographie brève mais complète du personnage.
La lecture de cet ouvrage s'adresse en priorité à toute personne qui a des préjugés et des idées toutes faites sur les Français originaires d'Afrique du Nord. Préjugés et idées mis dans la tête des gens par des discours haineux et xénophobes. Alors une opinion est trop souvent répandue dans la pensée collective : « Les Maghrébins ne veulent pas s'intégrer » ou pire encore, « Si ça continue, la France va devenir une république islamique ». On voit bien sûr les ravages faits dans les esprits, la crise économique accentuant tout ça. Contre ces idées simplistes qui ont, il est vrai, l'avantage d'être faciles à assimiler et à comprendre, le livre de Tzvetan Todorov a le mérite de déconstruire avec d'excellents arguments tous ces clichés qui font des ravages dans les esprits. Voilà par exemple le genre d'argument employé par l'auteur pour expliquer le soi-disant refus d'intégration de certains immigrés : « De nos jours, les discriminations dont souffrent parfois les Maghrébins dans les pays occidentaux provoquent chez certains d'entre eux une revendication fière de l'identité d'origine et un désir d'en revenir à leurs traditions. Si l'on m'insulte ou me tient en suspicion parce que je suis d'origine algérienne ou marocaine, je me sens agressé dans une partie de mon identité, vouloir m'en détacher à ce moment-là serait rejoindre mon agresseur et affaiblir mon sentiment d'exister ». Autre phrase à l'emporte-pièce que l’on entend trop souvent : « La France, aimez-la ou quittez-la », d'abord je connais de bons citoyens qui aiment beaucoup le pays, ce qui ne les empêchent pas d'aller vivre en Suisse pour payer moins d'impôts, mais ça c'est une autre histoire. Voilà ce que répond Tzvetan Todorov à ce lieu commun : « On peut exiger d'un nouveau venu en France de respecter ses lois ou le contrat social qui lie tous les citoyens, mais non de l'aimer. Devoirs publics et sentiments privés, valeurs et traditions ne se situent pas sur le même plan. Seuls les états totalitaires rendent obligatoire l'amour de la patrie ». Argument-choc n'est-ce pas ? Et pourtant tellement vrai ! Voilà, je terminerai mon propos en disant qu'il est, bien sûr, beaucoup plus facile d'adopter les idées toutes faites sur les immigrés d'Afrique du Nord, ça semble tellement vrai ! Mais que tout honnête homme qui se respecte doit avoir le courage de se questionner et de remettre en cause ses préjugés. Tout le monde aurait à y gagner. Tzvetan Todorov, La peur des barbares, Le Livre de Poche ![]() ![]() |
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Gazette N°75 - 31 mars 2012 J’ai lu [ par Bernadette Croon ] Deux sœurs pour un roi de Philippa Gregory. L’auteur nous emmène à la cour d’Angleterre dont le roi Henry VIII est marié avec Catherine d’Aragon.
Catherine n’a pas donné un héritier au roi et étant plus âgée que son époux, elle ne peut plus lui en donner. Philippa Gregory nous raconte les intrigues tissées par les familles qui veulent s’enrichir et qui, pour parvenir à leur but, offrent leurs filles au roi. Ce livre parle de la famille Boleyn et de ses enfants : Mary, George et Anne. Mary est la maîtresse du roi et lui donne une fille et un fils. Grâce à ces atouts la famille s’enrichit. Philippa Grégory raconte la vie de Mary basée sur des faits réels. Un livre captivant, même si la vie de Mary Boleyn est moins connu que le triste sort de sa sœur Anne. ![]() ![]() |
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Gazette N°76 - 15 juin 2012 J'ai lu... « Les lumières de septembre » de Carlos Ruiz Zafón [ par Michèle Mison ] Carlos Ruiz Zafón, né en 1964 à
Barcelone, est le maître du roman fantastique.
Dans chacun de ses livres, il
entraîne le lecteur dans un monde inquiétant
et mystérieux.
L’histoire de « Les lumières de septembre » se passe en 1937. Simone Sauvelle, veuve sans revenu, quitte Paris avec Irène, sa fille de quinze ans et Dorian, son jeune fils, pour se rendre au manoir de Cravenmoore en Normandie où Lazarius Jan, fabricant de jouets, lui a proposé un poste de secrétaire. Elle habitera avec ses enfants à la maison du Cap toute proche du manoir. Pour s’y rendre, ils doivent emprunter « un sentier qui traversait la végétation comme une galerie taillée dans une jungle obscure et insondable. Les voix invisibles des oiseaux qui nichaient dans les frondaisons de ces géants centenaires formaient une inquiétante litanie ». Une mort suspecte, des automates presque vivants, une ombre qui sort d’un flacon, une mystérieuse chambre d’enfants, des coupures de presse, tout est réuni pour que l’enchantement du départ laisse la place à l’angoisse. « Les lumières de septembre » est un livre empreint de merveilleux, de poésie où les thèmes récurrents de malédiction, d’ombre diabolique et de magie plairont aussi aux ados. Un livre qui se dévore. C’est une nouveauté à la bibliothèque de Villedieu qui possède aussi, du même auteur, « L’ombre du vent », « Le jeu de l’ange » et « Marina ». ![]() ![]() |
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Gazette N°77 - 8 août 2012 J'ai lu... Cauchemar au pays des cèdres [ par Bernadette Croon ] On se souvient de la guerre civile au Liban et sa suite : l’implication
d’Israël et de la Syrie. Il y avait des prises d’otages de gens qui
travaillaient pour la Croix Rouge.
Michel nous explique les intérêts de certains, l’angoisse des otages et leurs conditions de vie abominables, et nous fait un récit d’événements non connus du public. Un livre à lire, qui captive et, pour les plus vieux d’entre-nous, rappelle des faits déjà oubliés. C’est un premier livre d’un auteur inconnu, de plus de « chez nous ». Ce livre vaut vraiment la peine d’être lu. Michel Amiguet, Cauchemar au pays des Cèdres, Éd. L’Âge d’homme. En vente à l’épicerie et au tabac. ![]() ![]() |
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Gazette N°78 - 30 septembre 2012 J'ai lu... La vague [ par Robert Gimeno ] Todd Strasser est un écrivain
américain né en 1950
et vivant à New-York, il a publié
de nombreux romans et anime
aussi des débats sur des médias
radiophoniques.
La vague est un roman écrit en 1981 et a été publié en Europe seulement en 1988. Plus récemment, en 2008, il a été porté au cinéma par le réalisateur allemand Dennis Gansel. Il a remporté dans ce pays un grand succès. Ce court roman écrit dans un style un peu scolaire, mais ce n'est pas là le plus important, raconte l'expérience traumatisante et effrayante qu'a vécu le paisible lycée de Palo Alto en Californie. Tout commence en 1969 pendant un cours d'histoire donné par un professeur du nom de Ron Jones. Ce dernier explique à ses élèves par quel cheminement le nazisme et son leader Hitler sont arrivés au pouvoir démocratiquement en 1933. Alors comme un éléve lui pose la question suivante : « mais monsieur, comment expliquer la fascination qu'un tel personnage a pu exercer sur les foules et une telle adhésion du peuple au troisième Reich ? ». Afin de donner un éclaircissement à pareil phénomème, l'enseignant en bon pédagogue qu'il est, propose à ses étudiants la chose suivante : « écoutez, à partir de maintenant, considérez que je ne suis plus simplement votre professeur, mais aussi et surtout votre chef, votre leader, vous comprenez ? Alors c'est bien simple, pour ce faire, je vous demande d'adhérer sans discuter à l'idéologie suivante : la force par la discipline, la force par la communauté, la force par l'action ». Cette argumentation eut aussitôt un effet choc sur le comportement des adolescents, ces derniers habituellement plein d'entrain et de joie de vivre et quelque peu turbulents se tranformèrent en quelques jours en élèves taciturnes et psychorigides, pour la plus grande partie en tout cas ; l'ambiance à l'intérieur de l'établissement scolaire devint rapidement pesante et délétère, la peur et la délation gagnèrent les esprits ; même le professeur se laissait prendre au jeu. L'expérience risquait de virer au cauchemar, il faudra que des incidents de plus en plus graves se manifestent, l'agression d'un élève juif par exemple pour que, enfin, le directeur de l'établissement et des parents d'élèves réagissent et mettent un terme à ces dérives dangereuses qui rappelaient trop justement ce qui s'était passé en Europe au début des années 1930. D'un certain point de vue, on pouvait dire que le professeur avait réussi à faire passer son message, mais celà risquait de lui coûter très cher. Cette histoire véridique, bien que romancée, montre à quel point les démocraties sont fragiles et combien il peut être parfois tentant de confier son destin à des régimes totalitaires, qui en apparence, présentent « l'avantage » de diriger votre existence et de tout décider à votre place. Vous n'avez plus qu'à vous laisser guider, c'est le pouvoir souverain qui s'occupe de tout ! Je terminerai mon propos en citant cette phrase de Jean- Claude Gawsewitch, l'éditeur: « L'histoire peut se répéter, il faut être vigilant chaque jour pour que « la bête immonde » ne revienne pas. » Todd Strasser, La vague, Jean-Claude Gawsewitch éditeur (également disponible en poche chez Press Pocket). ![]() ![]() |
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Gazette N°79 - 8 décembre 2012 J'ai lu... iBoy [ par Olivier Sac ] « S’aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre ; c’est regarder ensemble dans la
même direction. » C’est avec cette citation
d’Antoine de Saint-Exupéry, extraite de
Terre des hommes (1939), que commence le
dernier chapitre de ce roman, a priori, destiné
aux adolescents. Et c’est en quelque
sorte la morale de ce thriller fantastique,
très moderne, très accessible et plein d’un
suspens bien mené.
L’action est située dans une banlieue sordide de Londres, au coeur d’une cité populaire grise et sinistre, dans laquelle la violence règne en maîtresse absolue, entretenue par des gangs qui excellent dans l’art de terroriser la population. C’est dans ce contexte que la vie de Tom Harvey bascule, du jour au lendemain, lorsqu’un iPhone, lâché du trentième étage d’un immeuble, lui tombe sur le crâne et le plonge dans un coma profond. En se réveillant, après une intervention chirurgicale de haute volée, il découvre avec incrédulité que des morceaux de l’appareil sont restés incrustés dans son cerveau et que cette métamorphose encéphalique lui confère des « iPouvoirs », sous la forme d’une armure magnétique (une « iPeau ») qui le rendra invulnérable et lui permettra d’envoyer des électrochocs paralysants. Bien sûr, iPhone oblige, notre mutant est connecté en permanence à internet et peut intercepter l’ensemble des SMS et des appels téléphoniques qui transitent sur les réseaux. Tom Harvey devient alors une sorte de « Superman des cités », et c’est « iBoy » qui, par amour pour la douce Lucy, sauvagement agressée par des dealers sans foi ni loi, va jouer les redresseurs de torts. Il n’a plus qu’une idée en tête : mettre ses pouvoirs tombés du ciel au service de la vengeance de la fille qu’il aime. Réussira-t-il à trouver l’équilibre entre « faire le bien » et « faire justice soimême » ? Ses « iPouvoirs » causeront-ils sa perte ? D’autant que comme tout super héros qui se respecte « iBoy » présente une faille de taille… Ce roman prend pour prétexte une fiction sur fond de réalité contemporaine, dans le but de nous donner à réfléchir sur ces notions éternelles de « bien » et de « mal ». L’auteur nous pousse à nous poser des questions sur les agissements qui seraient les nôtres, si nous étions amenés à faire des choix cornéliens concernant les êtres chers qui nous accompagnent dans la vie. iBoy de Kevin Brooks - Éditions La Martinière ![]() ![]() |
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Gazette N°80 - 14 février 2013 J'ai lu... 14 [ par Jean-Jacques Sibourg ] Jean Echenoz, prix Goncourt
1999 pour « Je m'en vais »,
est l'auteur d'une oeuvre variée,
allant du roman au sens classique
à des fictions historiques, sur un
musicien (Ravel), un physicien
(Tesla, « Des éclairs »), ou un
champion de course à pied
(Zatopek, « Courir »).
Il nous donne en 2012 un court roman sur la Guerre de 14-18, à travers quelques scènes vécues par trois personnages principaux. Le style, comme dans ses livres précédents, est toujours d'une grande rigueur, d'une précision étonnante dans le choix des termes, choix dont il joue souvent de manière humoristique, voire burlesque, alors même que le sujet prête ici pourtant peu à rire. Quelques phrases suffiront, entre autres, pour présenter la vie de la tranchée et ses horreurs avec un réalisme glaçant, mais sans s’attarder sur cet « opéra sordide et puant », selon les propres termes de l’auteur. Cette concision lui permet de traiter le « avant », le « pendant » et le « après » de cette guerre en quelques cent pages seulement, toujours à hauteur d’homme, loin des grandes fresques suscitées habituellement par ce conflit. L’auteur nous montre toute son empathie pour ces hommes emportés par un destin qu’ils n’ont pas choisi. Le titre rappelle malicieusement le nombre de livres publiés par l’auteur. Jean Echenoz, Éditions de minuit. ![]() ![]() |
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